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L’agriculture doit être plus concurrentielle

Chaque jour, cinq exploitations agricoles sont appelées à disparaître en Suisse. Keystone

Le gouvernement veut stimuler la compétitivité de l'économie rurale pour qu’elle puisse relever les défis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

L’enveloppe dévolue à l’agriculture pour 2008 à 2011 compte un demi-milliard de francs de moins qu’actuellement. Pour l’Union suisse des paysans, cette réduction est inacceptable.

Le gouvernement a fixé mercredi les grandes lignes de la politique agricole 2011. Le projet définitif sera mis en consultation au Parlement cet automne.

Pour la période 2008 à 2011, le budget destiné à l’agriculture devrait se limiter à 13,538 milliards de francs, soit 634 millions de moins qu’actuellement.

«C’est un passage difficile au niveau humain, mais nécessaire compte tenu des obligations internationales et des finances fédérales», a déclaré le ministre de l’économie Joseph Deiss.

La Politique agricole 2011 doit permettre à l’agriculture suisse de relever les défis à venir. Il s’agit notamment de la mise en oeuvre des engagements au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Moins de subventions

Pour améliorer la compétitivité de l’économie agricole, la Confédération veut réduire les fonds pour le soutien du marché – comme les subventions à la réduction du prix du beurre – au profit des paiements directs.

L’enveloppe financière réservée aux paiements directs passera ainsi à 11,25 milliards de francs. Le soutien du marché sera réduit de 1,2 milliard de francs.

L’idée est aussi de simplifier le système des paiements directs et de le rendre plus transparent. Comme jusqu’ici, les subsides seront versés en fonction des surfaces et des animaux.

Les régions de montagne n’ont pas été oubliées. Les contributions pour la garde d’animaux dans des conditions de production difficiles et les contributions pour les terrains en pente sont maintenues.

AOC et tourisme rural

Plus globalement, le Conseil fédéral compte promouvoir la création de valeur ajoutée et le développement durable dans le milieu rural. Cela passe notamment par les AOC et les indications géographiques, a précisé Joseph Deiss.

Le développement de projets régionaux et du tourisme rural est aussi au centre des préoccupations. Des facilités sont prévues, par exemple via des autorisations de construire exceptionnelles en dehors des zones.

Le gouvernement note aussi que l’exercice d’une activité accessoire parallèlement au travail agricole ne doit pas être entravé.

2000 fermes de moins par an

«Certains milieux estimeront qu’on ne va pas assez loin. Mais je rappelle qu’aucune branche n’a connu une telle restructuration ces quinze dernières années», a commenté Joseph Deiss.

Actuellement, il y a un peu moins de 65’000 exploitations agricoles en Suisse. Il faut compter à l’avenir avec la disparition de près de 1’500 à 2’000 fermes par année, soit plus de cinq par jour.

L’argent sera donc réparti entre un nombre moindre d’exploitations. Cela doit permettre de maintenir les revenus nominaux dans celles qui resteront.

Joseph Deiss a encore noté que les prix payés aux agriculteurs ont baissé de 25% cette dernière décennie, alors que les consommateurs ont vu les prix augmenter de 10%. Transformateurs et distributeurs ont donc profité jusqu’ici de cette marge.

Une concurrence accrue permettrait de faire pression sur les prix. La loi sur les cartels est l’un des instruments à disposition pour freiner cette évolution.

Selon l’Office fédéral de l’agriculture, les différentes mesures doivent permettre de faire baisser les coûts de 150 à 200 millions de francs par an entre 2008 et 2011.

Réduction inacceptable

Dans un communiqué diffusé mercredi, l’Union suisse des paysans (USP) juge inacceptable cette réduction des moyens financiers destinés à la politique agricole.

L’USP revendique au contraire le maintien de l’enveloppe actuelle et une adaptation au renchérissement.

«Une refonte précipitée des mesures de la politique agricole – excédant au demeurant nos engagements attendus dans le contexte des négociations de l’OMC – ne respecterait pas l’esprit d’un processus de réforme permanent et fiable», écrit l’USP dans un communiqué.

swissinfo et les agences

Les nouvelles exigences de l’OMC vont frapper durement les paysans.
La restructuration en cours va se poursuivre.
Actuellement, la Suisse compte quelque 65’000 exploitations.
Environ 2000 d’entre elles devraient disparaître chaque année.

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