Le bio se vend mieux mais perd des exploitations agricoles

Le marché suisse des produits biologique a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires record de 1,2 milliard de francs. Paradoxalement, le nombre de producteurs du secteur diminue.
En moyenne, les Suissesses et les Suisses ont acheté pour 170 francs de produits de l’agriculture biologique. Selon Bio Suisse, il s’agit d’une très belle performance en comparaison internationale.
Alors que le nombre d’agriculteurs diminue depuis des lustres, celui des exploitations bio n’est en recul que depuis 2005, après une progression ininterrompue.
L’an dernier, 243 exploitations bio ont disparu. Les 5871 restantes représentent 10,5% du total, a indiqué mardi Markus Arbenz, directeur de Bio Suisse devant la presse réunie dans une exploitation à Uettligen dans le canton de Berne.
Les exploitations biologiques se trouvent davantage en montagne (18,4% de la surface agricole) qu’en plaine (5,2%). Leur densité est la plus grande à Bâle-Ville (63% des 11 exploitations) et aux Grisons (50% de 2615).
Leur part est supérieure à la moyenne dans les cantons d’Obwald, de Glaris, d’Appenzell Rhodes-Extérieures, de Bâle-Campagne, de Zoug, de Nidwald et du Tessin. La Suisse romande est en retard: entre 7,7% dans le Jura et 3,2% dans le canton de Vaud.
Les ventes en hausse
Cette évolution à la baisse du nombre d’exploitations tranche avec la marche des affaires qui repart à la hausse après deux années de tassement.
Après avoir atteint le milliard de francs en 2002, les ventes ont dépassé, pour la première fois en 2006, 1,2 milliard de francs, soit une hausse de 1,6% par rapport à l’année précédente.
Les Suisses restent ainsi les champions du monde du bio, avec une dépense annuelle moyenne de 170 francs par personne. Trois quarts des produits sont écoulés par les deux géants de la grande distribution Coop et Migros.
Selon Jacqueline Forster-Zigerli, porte-parole de Bio Suisse, les produits biologiques constituent 4,5% du marché agricole (en comparaison : le pourcentage de produits biologiques s’élève à 2,5% aux USA).
Les produits connaissant le plus de succès sont le pain, les œufs, les légumes et les produits laitiers.
Le secteur fruitier a connu la plus forte croissance, devant les légumes et les œufs. Le chiffre d’affaires des produits laitiers frais et du fromage est en revanche en recul.
Cette évolution n’a toutefois pas été ressentie par les agriculteurs qui ont pu produire 4,7% de lait supplémentaire grâce à une hausse des exportations de fromage.
Contre un bio-fédéral édulcoré
Apparemment, le bio connaît aussi un essor nouveau à l’étranger. Pour le directeur de Bio Suisse, il y a là un marché à saisir, la demande de lait et fromage bio étant particulièrement forte en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique.
Les expériences ont montré que les produits bio peuvent rencontrer la faveur des consommateurs étrangers s’ils se distinguent clairement de la masse; à l’exemple d’une variété de yogourt à boire qui triomphe en Allemagne.
Le bio, c’est un tout, une façon de vivre, plaide Markus Arbenz, qui tempête contre la décision du Parlement suisse d’autoriser une production conventionnelle partielle sur une exploitation bio.
Non au nivellement par le bas
Il est trop tôt pour en constater les effets. Mais Bio Suisse veut combattre ce nivellement par le bas en renforçant encore le Bourgeon, «seul label crédible, conséquent et dépourvu de toute ambiguïté face à un bio-fédéral édulcoré», a déclaré Markus Arbenz.
Confronté à la concurrence croissante de nouveaux labels et marques, le Bourgeon, décerné par Bio Suisse, ne caractérise pas seulement la qualité d’un produit.
Il souligne son authenticité et garantit le cycle biologique complet sur une exploitation. Il se veut aussi toujours davantage l’incarnation d’un mode de vie particulier, explique Bio Suisse.
swissinfo et les agences
L’an dernier, 10,5% des exploitations agricoles suisses étaient en possession du label biologique.
Dans le canton des Grisons, le pourcentage des exploitations biologiques est, avec 50,4%, très élevé. Sur les 2615 exploitations agricoles grisonnes, 1321 étaient certifiées bio.
Le pourcentage est encore supérieur dans le canton de Bâle-Ville avec 7 exploitations biologiques sur 11.
Les cantons d’Obwald (30,8%), Glaris (21,2%) et Appenzell Rhodes-Extérieures (17,1%) sont également bien fournis en exploitations bios.
Le bourgeon est moins représenté en Suisse romande. Parmi les cinq cantons ayant le moins d’exploitations biologiques, on trouve Vaud (3,2%), Genève (3,9%), Fribourg (3,7%) et Neuchâtel (4,8%). Le cinquième est Schaffhouse avec 3,7%.
Ventes de produits biologiques en 2005
Allemagne: 3,9 milliards d’euros
Angleterre: 3,2 milliards d’euros
Suède: 434 millions d’euros
USA: 10,9 milliards d’euros
(source : food-monitor.de)

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