Le nouvel «esprit de Davos»
L’édition 2005 du Forum économique mondial (WEF) a vécu. La presse salue le souci que les décideurs ont manifesté vis-à-vis des déshérités.
Mais, soulignent les commentateurs, reste à voir si le nouvel «esprit» qui a régné cette année à Davos sera suivi d’effets.
La plupart des commentateurs sont d’accord: un vent nouveau à bel et bien soufflé sur cette édition 2005 du WEF.
«La cuvée 2005 a mis en vitrine des thèmes généralement débattus à Porto Alegre, relève La Liberté. En relançant son idée d’imposition des transactions financières à l’échelle de la planète, le président Chirac a donné le ‘la’ d’entrée de jeu.»
«Le WEF 2005 entrera dans les annales comme celui des gens de bien, écrit de son côté le Langenthaler Tagblatt. Contrairement aux années précédentes, le WEF n’a pas cherché une confrontation entre les USA et l’Europe, mais a servi de catalyseur pour une aide en faveur des déshérités de la planète.»
Un peu plus de paillette
L’autre grand changement, c’est l’intrusion des stars dans la station des Grisons. Le fait n’a d’ailleurs pas échappé au Financial Times.
La principale nouvelle cette année, semble avoir été la présence de quelques-unes des principales stars du spectacle, remarque le prestigieux journal. Sharon Stone et Bono, chanteur du groupe U2, semblent avoir remplacé Bill Gates dans la course aux célébrités.
«Les gloires de l’économie sont peut-être passées de mode, écrit le Financial Times, alors que les célébrités défendant une cause sont dans le coup. Big Brother lui-même, le fondateur du WEF Klaus Schwab, a distribué un peu plus de paillettes que d’habitude.»
Ce changement n’a pas échappé non plus au Matin. Le quotidien de boulevard salue d’ailleurs le fait: «Cette bouffée de Channel N°5 a fait du bien dans l’enceinte sévère du ‘bunker’ du WEF.»
«Mais le hic de cette intrusion des people dans le monde feutré des PDG et des politiciens, c’est qu’elle va attirer encore plus les médias. Et à Davos, on n’aime pas trop les journalistes», ironise Le Matin.
Reste à voir les résultats
Comme chaque année, la presse se demande quels seront finalement les effets de ce grand rassemblement économico-politico-médiatique.
Et cette préoccupation nouvelle vis-à-vis des déshérités pose aussi des questions. Le Temps reste pour le moins dubitatif.
«Moyens nouveaux, résultats inédits? L’avenir doit le dire très vite. Si la manœuvre réussit, elle servira sans doute de modèle pour une nouvelle forme de lobbying politico-humanitaire, conçu aux proportions du monde global», écrit le quotidien.
24 heures se montre encore plus circonspect. «Toutes ces déclarations autour de la solidarité n’ont-elle pas pour unique but de soigner l’image du forum», se demande ainsi le quotidien vaudois.
Comme chaque année, l’efficacité du WEF pose donc question. Mais il n’en reste pas moins que ce rendez-vous, unique en son genre, semble indispensable, même s’il ne faut pas trop en attendre.
C’est en tout cas l’avis de la Lurzerner Zeitung qui conclut: «Sans lui, où des décideurs venus d’horizons aussi divers pourraient-ils se rencontrer? Où la Suisse, souvent marginalisée sur la scène internationale, pourrait-elle se présenter sous son meilleur jour? Où des thèmes comme la pauvreté, le développement et la santé pourraient-ils entrer dans les salons?»
swissinfo, Olivier Pauchard
La 35ème édition du Forum économique mondial (WEF) s’est tenue du 26 au 30 janvier à Davos.
Quelque 2350 représentants de l’économie, de la politique et du spectacle y ont participé.
Le forum a été suivi par plus de 400 journalistes du monde entier.
Cette édition 2005 était consacrée plus particulièrement au thème de la «solidarité globale»
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