La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

France: Mission de dernière chance pour Lecornu, démissionnaire

Keystone-SDA

Le président français Emmanuel Macron a donné lundi à Sébastien Lecornu, premier ministre qui venait de démissionner, 48 heures pour des négociations de la dernière chance, laissant planer la menace de dissolution en cas d'échec.

(Keystone-ATS) M. Macron a confié au «premier ministre démissionnaire en charge des affaires courantes la responsabilité de mener, d’ici mercredi soir, d’ultimes négociations afin de définir une plateforme d’action et de stabilité pour le pays», a annoncé l’Elysée.

«Je dirai au chef de l’Etat mercredi soir si cela est possible ou non, pour qu’il puisse en tirer toutes les conclusions qui s’imposent», a répondu sur X M. Lecornu.

Ce dernier débutera ses nouvelles tractations dès mardi matin en recevant les dirigeants de la fragile coalition entre le camp présidentiel et le parti de droite Les Républicains (LR) dont les signes d’implosion l’ont poussé à démissionner lundi matin.

En cas de nouvel échec mercredi, le chef de l’Etat «prendra ses responsabilités», a fait savoir ensuite son entourage, semblant laisser planer l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée après celle de 2024.

Il a aussi précisé qu’en cas de succès, M. Lecornu ne serait pas automatiquement renommé premier ministre, son rôle se bornant à ce stade à dire si «des voies de compromis» sont encore possibles.

«Fin de règne»

«La fin de règne de la Macronie est interminable. Qu’ils s’en aillent tous!», a réagi Mathilde Panot, la cheffe des députés du mouvement de gauche radicale La France insoumise (LFI). La patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a elle ironisé sur ce «monde politique qui est en train de s’effondrer et qui s’accroche comme une moule à son rocher».

La journée avait commencé par un nouveau coup de tonnerre politique.

Troisième premier ministre désigné en un an depuis la dissolution de l’Assemblée par M. Macron en juin 2024, M. Lecornu, nommé le 9 septembre et qui devait tenir son premier Conseil des ministres lundi, s’est rendu aux premières heures au palais de l’Elysée pour remettre sa démission au président, qui l’a d’abord formellement acceptée.

«Les conditions n’étaient plus remplies» pour rester, a-t-il déclaré un peu plus tard, regrettant «les appétits partisans» ayant conduit à sa démission.

Une allusion claire au patron du parti de droite Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, qui dimanche soir a précipité sa chute quelques heures après avoir accepté de rester au gouvernement.

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a assuré qu’il ne se sentait «pas du tout» responsable de la crise. La veille, il s’était montré ulcéré par le retour, aux Armées, de l’ex-ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui a annoncé lundi renoncer à participer au gouvernement dans l’espoir de permettre «la reprise des discussions».

Dissolution, démission ou cohabitation

Les partis politiques «continuent d’adopter une posture comme s’ils avaient tous la majorité absolue», a déploré M. Lecornu.

Il a notamment regretté que ses différentes prises de position n’aient «pas permis» d’évacuer la menace d’une censure agitée par la gauche et le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN).

Son gouvernement a été le plus bref depuis l’instauration en France en 1958 de la Ve République. Sa chute plonge le pays dans une crise politique sans précédent, aggravant l’impasse née de la dissolution de 2024.

Le président de la République était dès lors au pied du mur, avec peu de cartes en main.

Hormis cette mission de la dernière chance, il peut dissoudre une Assemblée divisée en trois blocs comme le demande le RN; démissionner comme le voudrait LFI; ou nommer un premier ministre de gauche comme l’ont de nouveau réclamé lundi écologistes et socialistes. Voire faire appel à une personne sans étiquette à la tête d’un «gouvernement technique».

Presque simultanément à la démission de M. Lecornu, les dirigeants du RN ont appelé M. Macron à convoquer de nouvelles élections législatives anticipées. Marine Le Pen a jugé une dissolution «absolument incontournable» et même estimé qu’une démission du chef de l’Etat serait «sage».

Dans la soirée, le parti d’extrême droite et ses alliés ont fait savoir qu’ils «censureront systématiquement tout gouvernement» jusqu’à la dissolution ou la démission du président.

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a lui demandé l’examen «immédiat» d’une motion de destitution du président, à ses yeux «à l’origine du chaos».

«hors de question»

Les socialistes, qui avaient réclamé un nouveau vote parlementaire sur la très impopulaire réforme des retraites pour ne pas censurer M. Lecornu, ont demandé au président de nommer un premier ministre «issu de la gauche et des Ecologistes» et «ouvert aux compromis».

Mais un tel chef de gouvernement, ce serait sans LR car pour M. Retailleau, «il est hors de question de cautionner un premier ministre de gauche».

Face à ce nouveau rebondissement politique, la Bourse de Paris a reculé, le CAC 40 terminant en baisse de 1,36%. Et sur le marché obligataire, le taux d’intérêt à dix ans passait au-dessus de celui de l’Italie.

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision