
France: reprise du procès du Mediator, immense scandale sanitaire
(Keystone-ATS) Le premier procès pénal du coupe-faim Mediator, un médicament accusé d’avoir déjà causé des centaines de morts en France, a repris mardi à Nanterre, près de Paris. Il avait tourné court il y a un an pour des raisons de procédure.
Le principal accusé, Jacques Servier, 91 ans, patron du groupe pharmaceutique éponyme qui produisait le Mediator, était présent sur le banc des prévenus en costume sombre, les bras croisés. Il n’a pas fait de déclaration préablable à la presse.
Quelque 700 parties civiles demandent réparation à M. Servier et à son laboratoire pour «tromperie aggravée», sans attendre l’instruction menée au pôle santé du parquet de Paris portant notamment sur les mêmes faits. La tenue du procès de Nanterre, prévu pour durer jusqu’au 14 juin, reste incertaine.
«Être jugé à Nanterre alors qu’une instruction est en cours à Paris serait gravissime pour le fonctionnement de la justice», a déclaré Me Hervé Temime, avocat de M. Servier. Certains conseils de victimes présumées préféreraient aussi que le procès soit renvoyé dans l’attente de la fin de l’instruction parisienne.
Homicide et blessures involontaires
Les investigations menées par Paris pour «tromperie et escroquerie» pourraient s’achever à l’été 2013, selon le parquet de Paris. M. Servier est aussi mis en examen pour homicides et blessures involontaires dans un autre procès.
Jacques Servier est jugé avec Alain Le Ridant, pharmacien en chef du groupe ainsi que trois responsables de Biopharma, l’une des filiales des laboratoires. Ils encourent quatre ans de prison et une amende de 75’000 euros. Servier et Biopharma, en tant que personnes morales, encourent une amende de 375’000 euros ainsi qu’une interdiction d’exercer.
Retrait possible dès 1999
Selon des experts, le retrait du Mediator «aurait pu être décidé dès 1999». Le Mediator a été suspendu en novembre 2009 et retiré définitivement en juillet 2010. En Suisse, le Mediator, vendu sous le nom de Mediaxal, a été retiré de la vente en 1997, Swissmedic ayant fait part de se «doutes» quant à d’éventuels graves effets secondaires.