
Fronde contre le financement public d’une université catholique
(Keystone-ATS) Des syndicats, associations et le Parti socialiste de Haute-Savoie contestent depuis un mois le financement public partiel d’un projet d’antenne de l’université catholique de Lyon (UCLy) à Annecy (F). Une pétition qui réunit près de 1250 signatures dénonce une entorse au principe de séparation des Eglises et de l’Etat.
L’UCLy, qui dispose de deux campus à Lyon, prévoit d’accueillir, pour sa première rentrée à Annecy, 90 étudiants dans les locaux d’un lycée privé catholique, avant d’intégrer un bâtiment neuf a priori dès 2021. A terme, un maximum d’un millier d’étudiants y seront inscrits.
Ce projet immobilier à 10 millions d’euros va bénéficier, pour moitié, de financements publics: 1,5 million de l’agglomération Grand Annecy, 1,5 million du département de Haute-Savoie et 2 millions de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Pétition
C’est là que le bât blesse pour les détracteurs du projet: «fonds publics à l’école publique, fonds privés à l’école privée», écrivent des militants laïcs associatifs (Libre Pensée, FCPE, LDH), syndicalistes (FSU, CGT, FO, UNSA, Sgen-CFDT) et le PS dans une pétition en ligne.
Olivier Artus, recteur de l’UCLy, a fait valoir à l’AFP que ce projet se faisait dans le «cadre d’une convention-cadre avec l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) pour des licences de droit, en droit et management et en management». «Nous ne sommes jamais en collision frontale avec l’université mais en complémentarité», a ajouté M. Artus.
Quand le nouveau bâtiment sera livré, la «Catho» en sera locataire via un bail de neuf ans, à 700’000 euros de loyer annuel. «Il semble prudent de voir si l’idée de ce campus est pérenne», a ajouté M. Artus. L’UCLy n’a en effet pas fini de payer l’un de ses deux campus lyonnais.
Combat idéologique
Pour le Père Bruno Lecoin, directeur du lycée Saint-Michel qui va accueillir l’UCLy, «c’est un vrai projet ancré dans le territoire et c’est ce qui justifie les subventions: comment permettre aux étudiants hauts-savoyards de poursuivre leurs études sans partir à Lyon ou à Grenoble ?».
«Ce serait dommage d’en faire un combat idéologique ! On est vraiment dans l’optique d’un service au territoire et aux jeunes», estime M. Lecoin.