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Hani Ramadan sous le coup d’une enquête à Genève

En publiant «La charia incomprise» dans Le Monde, le directeur du Centre islamique n'a-t-il pas dépassé les bornes?

Le Département de l’instruction publique à Genève a demandé une étude précise sur le professeur Hani Ramadan.

Le 10 septembre dernier, ce brillant penseur musulman, de nationalité suisse, a publié un long texte dans le quotidien parisien sur la charia, dont la presse occidentale ne donnerait, selon lui, qu’une vision tronquée.

Il écrit notamment que la lapidation en cas d’adultère «constitue une punition, mais aussi une forme de purification». «La charia incomprise» a provoqué de nombreuses réactions, d’autant que son auteur est aussi professeur au Cycle d’orientation à Genève.

Devoir de réserve et liberté d’expression

Martine Brunschwig Graf, responsable du Département de l’instruction publique, ne cache pas qu’elle a été «très choquée de constater que des enseignants puissent tenir ce genre de propos». Hani Ramadan n’a-t-il pas oublié son devoir de réserve?

Toutefois, aussi «insupportables» que puissent apparaître certaines idées, il n’est pas question de s’en prendre à la liberté d’expression, ajoute la conseillère d’Etat genevoise.

Martine Brunschwig Graf a donc demandé au Département de l’instruction publique qu’une étude se penche de façon «précise et serrée» sur le cas Hani Ramadan. Deux fois dans le passé, cet écrivain, auteur de «L’islam et la dérive de l’Occident» a été rappelé à l’ordre, mais sans subir de sanctions.

De son côté, le directeur du centre islamique de Genève se défend de jeter de l’huile sur le feu. Il ne souhaite qu’approfondir un débat, considérant que la loi islamique, comme la civilisation musulmane, sont trop souvent présentées de façon caricaturale.

«En tant que Suisses, nous pouvons vivre dans une structure ouverte et neutre et dire nos convictions», souligne Hani Ramadan.

Interdit d’entrée en France

Fils d’un émigré politique égyptien Saïd Ramadan, considéré comme l’un des fondateurs des Frères musulmans, Hani Ramadan, à la tête du centre islamique de Genève, joue un rôle de tout premier plan dans le mouvement islamique international.

Se bat-il seulement au niveau des idées? Les services français le soupçonnent depuis des années de jouer un rôle dans le financement de certaines organisations extrémistes. De 1997 à 2001, le ministère de l’Intérieur avait même interdit son territoire à ce professeur au Cycle d’orientation à Genève.

Toutefois, le Tribunal administratif de Lyon a cassé cette décision en juin 2001. Les autorités françaises n’ont jamais rien pu prouver contre Hani Ramadan.

swissinfo/Ian Hamel

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