
Israël:ultra-orthodoxe vent debout contre la conscription militaire

La principale autorité spirituelle des ultra-orthodoxes juifs en Israël a mis en garde jeudi contre la "guerre" déclarée selon ce rabbin par l'Etat qui entend désormais que les membres de cette mouvance participent à la conscription militaire.
(Keystone-ATS) «La guerre» titrait jeudi matin le quotidien ultra-orthodoxe de référence Yated Neeman, après l’arrestation de deux déserteurs issus de cette mouvance. Le journal a repris les propos du rabbin Dov Landau affirmant que «les autorités (israéliennes) vont faire face à un judaïsme ultra-orthodoxe mondial uni et luttant pour son âme».
C’est le dernier épisode des relations complexes et souvent tendues entre l’Etat israélien et le monde ultra-orthodoxe, alors qu’Israël est en guerre dans la bande de Gaza, en représailles à l’attaque sanglante du 7 octobre 2023 menée par le Hamas.
La population ultra-orthodoxe représente 14% de la population juive d’Israël, soit près de 1,3 million d’habitants, et environ 66’000 hommes en âge de servir dans l’armée bénéficient d’une exemption.
Coalition en péril
L’armée israélienne avait annoncé début juillet que des milliers d’appels à la conscription seraient envoyés à des juifs ultra-orthodoxes, dispensés jusque-là de service militaire, une question qui met en péril l’avenir de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu.
Les deux partis ultra-orthodoxes ont depuis quitté le gouvernement mais attendent qu’une loi pérennisant l’exemption soit votée par le gouvernement.
En vertu d’un arrangement remontant à la création de l’Etat d’Israël, en 1948, les hommes «haredim» (craignant Dieu) ont bénéficié pendant des décennies d’une exemption militaire de facto, à condition qu’ils se consacrent à l’étude à plein temps des textes saints du judaïsme dans des yeshivas.
Cette exemption a été remise en cause par la Cour suprême dans les années 2000, forçant les gouvernements successifs à bricoler des arrangements législatifs temporaires pour contenter les ultra-orthodoxes, faiseurs et tombeurs de coalitions.
Mais la société israélienne a de plus en plus de mal à accepter ces accords après près de 22 mois de guerre à Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas. Un pourcentage minime, environ 2% selon l’armée, de juifs ultra-orthodoxes répondent positivement aux appels de l’armée.
La coalition a limogé la semaine dernière le président de la commission parlementaire de la Défense, Yuli Edelstein, pourtant membre du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu car il avait tenté de faire voter une loi imposant des sanctions aux ultra-orthodoxes déserteurs.
L’exil plutôt que l’armée
Une manifestation à l’appel de ces groupes extrémistes s’est tenue jeudi à Jérusalem. Des ultra-orthodoxes plus radicaux manifestent régulièrement contre les appels à l’armée, sous le slogan «plutôt mourir que de s’engager».
D’autres rabbins, y compris un ancien grand rabbin d’Israël, ont appelé leurs fidèles à quitter le pays si l’exemption n’était pas prolongée légalement.
Si des anciens partis partenaires de M. Netanyahu décident de rejoindre les manifestations, les autorités israéliennes seront confrontées à un nouveau front intérieur en pleine guerre à Gaza.