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Journée des réfugiés: les 30’000 bateaux pas arrivés à Neuchâtel

Keystone-SDA

Les 30'000 bateaux en papier attendus, symbolisant des décès en Méditerranée, n'ont pas pu être exposés à Neuchâtel à l'occasion de la Journée des réfugiés. Les organisations ont profité de cette journée pour alerter sur les conditions de travail au CFA à Boudry.

(Keystone-ATS) L’exposition « Et vogue la galère », réalisée par l’association Nela, devait s’arrêter au Péristyle de Neuchâtel de vendredi soir à dimanche mais elle n’est pas arrivée pour des raisons logistiques. « Le chauffeur qui avait été trouvé pour conduire le camion a paniqué en raison des obstacles liés à la Fête de la musique », qui a lieu juste à côté, a déclaré samedi à Keystone-ATS Pierre Bühler, responsable neuchâtelois de l’action « Les nommer par leur nom ».

« Si l’on avait dû trouver un chauffeur et un camion, cela nous aurait coûté 1000 francs et on n’avait pas le financement pour cela », a ajouté Pierre Bühler. Le vernissage de l’exposition, qui avait été montrée pour la première fois en 2023 à la cathédrale de Lausanne, a été maintenu vendredi soir en présence de la directrice de Nela Valérie Despont.

Banderoles avec les noms de victimes

Pour quelque peu compenser cette annulation, les organisateurs ont réalisé quelques petits bateaux en papier, visibles durant l’action « Les nommer par leur nom », où les noms et les circonstances des décès des réfugiés sont nommés, entrecoupés d’intermèdes musicaux. Des banderoles avec les noms des victimes sont aussi déployées au Péristyle et dans d’autres endroits de la ville. Selon les organisateurs, « plus de 65’000 personnes sont victimes de la forteresse Europe ».

De manière plus festive, une fête des réfugiés, avec stands et musique, a aussi lieu autour du Temple du Bas, à proximité de la fête de la musique. « D’habitude, la Journée des réfugiés ne tombe pas le même jour et cette coïncidence de date n’est pas très heureuse » dans le cas de Neuchâtel, a expliqué Pierre Bühler.

Inspection du travail saisie

Droit de rester et l’Union syndicale cantonale avaient profité de la Journée des réfugiés pour alerter jeudi soir déjà sur le fait que la délégation de tâches à des entreprises privées dans les centres fédéraux d’asile serait « source de maltraitances ». Les deux organisations ont pointé la situation au centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) à Boudry.

« Les réfugiés y subissent des conditions de vie indignes alors que les sociétés commerciales, ORS1, Protectas et Securitas principalement, imposent des conditions de travail inacceptables à leurs employés. Cette violence institutionnelle est le fruit de décennies de politiques fédérales toujours plus restrictives en matière de procédures, de droit d’asile et de budgets alloués », peut-on lire dans leur communiqué.

Après des plaintes de collaborateurs syndiqués, une rencontre a eu lieu l’an dernier avec la conseillère d’Etat Florence Nater. Le syndicat lui a rappelé que l’Etat avait une obligation de contrôler les conditions de travail, même dans une institution fédérale.

Contactée par Arcinfo, la conseillère d’Etat en charge de la cohésion sociale, Florence Nater, a déclaré que l’inspection cantonale du travail avait été saisie et qu’un contrôle sera effectué prochainement.

Les deux organisations ont lu différents témoignages pour étayer leurs propos. Un demandeur d’asile burundais, qui a vécu 20 jours au CFA à Boudry en 2022, a dit qu’il vivait sous un contrôle constant, avec parfois plus de 20 fouilles par jour. Selon lui, « le plus dur, c’était le silence. Beaucoup de requérants n’osaient pas parler », de peur d’être refoulés.

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