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L’UDC tire à boulets rouges sur la réforme de la loi sur l’énergie

Keystone-SDA

Le Grand Conseil vaudois s'est attaqué mardi à l'un des chantiers majeurs de la législature: la grande réforme de la loi sur l'énergie. Le débat sur l'entrée en matière a déjà duré plus de deux heures. L'UDC s'est montrée très critique et le PLR passablement divisé.

(Keystone-ATS) Le vote d’entrée en matière a récolté 87 «oui» venant des rangs de la gauche et des Vert’libéraux ainsi que d’une partie des PLR, contre 44 «non» issus d’une majorité de l’UDC et de nombreux PLR, ainsi que quatre abstentions. Ces premiers longs échanges augurent des longues discussions prévues sur les 80 articles de cette révision de la loi sur l’énergie (LVLEne) et les plus de 90 amendements, issus du travail de la commission chargée de l’examiner.

La réforme vise à développer le recours aux énergies renouvelables locales, à diminuer la consommation énergétique, à remplacer les installations de chauffage à énergie fossile tout en renforçant l’accompagnement des différents acteurs impliqués. Objectif: tracer une «étape décisive» vers la neutralité carbone en 2050, objectif du Plan climat vaudois, et de tendre vers plus de souveraineté énergétique pour le canton, qui importe 84% de son énergie.

Après une année de travail et 21 séances, la Commission de l’environnement et de l’énergie (CENEN) a proposé quelque 95 modifications (amendements) au projet du Conseil d’Etat. Si tous les articles n’ont pas fait consensus, l’ensemble de ses quinze membres s’est mis d’accord pour souligner l’importance de cette loi, le bienfondé de sa révision complète et de ses objectifs.

«Trop loin, trop vite»

Au sein de la CENEN, aucun parti n’avait ainsi contesté l’entrée en matière pour les débats ni s’était opposé à l’adoption du projet de loi du gouvernement, tel qu’issu après son examen. Au plénum mardi, le fragile équilibre semblait en revanche déjà malmené. L’UDC s’est montrée particulièrement virulente.

«Ce projet de loi est très mauvais pour ne pas dire raté. Il va beaucoup trop loin et trop vite dans la transition énergétique. On ne peut pas la forcer au pas de charge. Ses articles seront impossibles à mettre en oeuvre. Le tournant énergétique proposé est impraticable», a lancé son chef de groupe Cédric Weissert.

Le député a sorti l’artillerie lourde: il a mis en garde contre la hausse des bouchons routiers à cause du surplus de frontaliers nécessaires pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre indigène dans les métiers de la transition énergétique. Il a aussi mis en garde contre une hausse des loyers pour les locataires ou encore parlé de non-sens d’importer des panneaux solaires de Chine.

Plusieurs élus UDC lui ont emboîté le pas, critiquant «une loi sur les bâtiments trop contraignante, issus des milieux écologistes», «trop dogmatique», mais aussi «trop coûteuse», estimée sans preuve à 2,4 milliards de francs par Fabrice Moscheni. «Cette loi m’inquiète et mettra à mal les propriétaires», a pour sa part dit Jean-François Thuillard. D’autres craignent «une bureaucratie envahissante et une trop grande centralisation de la gestion» des règlements.

«Posture électoraliste»

Le chef de groupe socialiste Sébastien Cala a contre-attaqué. «L’UDC n’est pas à la hauteur des enjeux», a-t-il affirmé, dénonçant une «posture électoraliste» et supputant la préparation du terrain pour un potentiel futur référendum.

A gauche, on a sinon salué un projet de loi «ambitieux», «réaliste», «pragmatique», «équilibré», «crucial» ou encore «courageux» qui va «favoriser la durabilité et l’économie locale». En matière de transition énergétique et d’urgence climatique, il est temps de «passer des paroles aux actes», a résumé le Vert Alberto Mocchi.

Certains élus écologistes et de la gauche radicale ont estimé que le projet avait été affaibli en commission et qu’il fallait aller plus loin. Les deux formations proposeront de nouveaux amendements, tout en étant conscientes qu’il sera difficile de «faire mieux que le compromis équilibré trouvé en commission».

PLR très partagé

C’est le PLR qui s’est montré le plus divisé sur ce débat liminaire. Alors que son chef de groupe Nicolas Suter est le président de la CENEN et de facto l’arbitre principal du compromis, plusieurs élus libéraux-radicaux se sont montrés critiques sur la réforme, doutant notamment de son application concrète.

«La loi n’est pas ambitieuse, car elle n’est pas adaptée à la situation, elle est déraisonnable, il ne sera pas possible de suivre les délais imposés. Son coût ne sera pas gérable pour les privés ni pour les administrations. Ce n’est pas une loi, c’est un programme politique», a lancé Jean-Daniel Carrard. D’autres députés PLR ont, eux, salué l’esprit de consensus de la commission et estimé que cette réforme était une opportunité pour l’économie vaudoise.

La première lecture de la révision de la loi a débuté dans l’après-midi, notamment sur des questions de sobriété énergétique, d’autonomie communale, de dérogations et de demande de prêts bancaires. Les débats se poursuivront ces prochains mardis.

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