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L’Etat a failli et le foyer a été ouvert sans projet institutionnel

La députée Jennifer Conti reproche à la conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta de s'être déchargée de ses responsabilités sur ses subordonnés. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) A Genève, la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil a publié mardi son rapport sur le foyer de Mancy, un centre pour jeunes autistes, où des pensionnaires ont été victimes de maltraitances. «L’Etat a failli», a dit devant les médias le député Cyril Aellen.

Auteur principal du rapport, l’élu PLR a souligné que le foyer de Mancy n’aurait jamais dû ouvrir ses portes, en 2018. Tout a été fait dans la précipitation, «rien n’était prêt». Il n’y avait pas le budget nécessaire, pas de projet institutionnel, pas de structures adaptées, pas de suivi individuel des résidents, a résumé le député.

La coordination entre les départements a été absente, alors que plusieurs étaient pourtant concernés par le projet. Ce manque d’anticipation a eu des conséquences sur le fonctionnement du foyer. Des carences ont ainsi été constatées à tous les échelons, de la direction à certains employés du centre.

Anne Emery-Torracinta, la conseillère d’Etat responsable du département de l’instruction publique (DIP), département de tutelle de Mancy, n’est pas épargnée. «Un capitaine de vaisseau ne charge pas ses seconds», a déclaré la députée socialiste Jennifer Conti, demandant que la magistrate présente ses excuses aux familles.

Maltraitances multiples

Certains jeunes de Mancy ont subi plusieurs formes de maltraitance, allant de la maltraitance physique à l’administration inadéquate de médicaments, de la privation de nourriture à la négligence, en passant par le harcèlement et l’exposition répétée de pensionnaires à des situations stressantes pour leur état mental.

La gestion des ressources humaines au foyer de Mancy a été «négligée» dès le début. Il a ainsi fallu plus de quatre ans et demi pour mettre en place un système informatisé permettant d’établir les horaires du personnel, a noté M. Aellen. Les cahiers des charges des employés étaient aussi mal définis.

Au lieu de créer des postes fixes, on a préféré engager des auxiliaires. Le personnel était par ailleurs peu ou pas formé. Le premier directeur du foyer n’avait ainsi pas de connaissances en autisme. On lui a demandé de suivre des cours, mais il ne s’est jamais exécuté, s’est encore étonné le député PLR.

Les excuses du DIP

Les lourdeurs de l’appareil étatique ont aussi été critiquées par les députés commissaires. Pour réparer l’une des deux baignoires du foyer, il a été nécessaire de passer par 7 étages de validation, a indiqué M. Aellen. Et lorsque les ouvriers sont enfin arrivés, ils ont constaté que l’analyse d’amiante n’avait pas été réalisée.

Dans un communiqué, le DIP prend acte des constats de la commission et des manquements identifiés à différents niveaux du département. Par rapport aux faits de maltraitance, il admet que les collaboratrices et les collaborateurs du foyer de Mancy «ont été mis dans une situation très difficile».

Le DIP prend également acte des recommandations de la commission, «en particulier celles sur sa propre organisation, notamment concernant la gouvernance et la gestion des alertes». Il admet, comme l’ont constaté les députés, que l’Etat a failli et «réitère ses regrets et ses excuses aux enfants et aux familles concernés».

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