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La cotation pas toujours appropriée pour les instituts cantonaux

(Keystone-ATS) Treize des 24 banques cantonales sont cotées à la Bourse suisse. Les grands établissements, comme la BCV, la BCGE, la BCZ ou la BCBE, ont ouvert leur capital mais aussi de petits instituts, comme la BCJ. Certains trouvent que la cotation présente trop de contraintes.

« Une entreprise ouvre son capital au public pour deux raisons: soit parce que son actionnaire principal veut réaliser des liquidités, soit parce qu’il a besoin d’argent. Les deux peuvent être combinés », explique Carlo Lombardini, expert bancaire.

Dans le cas d’une banque cantonale, « je ne suis pas fan » d’une cotation en Bourse. « Cela entraîne de nombreuses contraintes, notamment en termes de publicité événementielle », précise Carlo Lombardini. Un tel établissement est en situation légèrement différente de celle d’un institut bancaire classique, rappelle le professeur de droit bancaire à l’Université de Lausanne.

Contre-pouvoir au canton

Outre sa mission, qui est de promouvoir l’économie du canton, la différence se reflète dans la composition de son conseil d’administration. « Je doute que cela rende service à la banque d’avoir des actionnaires minoritaires avec d’autres objectifs », note Carlo Lombardini.

Des avantages peuvent exister: « La présence d’actionnaires minoritaires forts peut permettre de créer un contre-pouvoir à la pression du canton ». Quand la banque est uniquement en mains cantonales, il peut être plus difficile de s’opposer à certains financements pas nécessairement rentables ou appropriés.

L’Union des banques cantonales suisses (UBCS) ne souhaite pas commenter le choix de ses membres d’entrer ou non en Bourse. « Des raisons pour une cotation pourraient être par exemple l’élargissement de la responsabilité financière et de la propriété ou la participation à l’institut d’une large couche de la population », précise Eva Wanninger, de la communication de l’UBCS.

Pour la Banque cantonale vaudoise (BCV), la cotation en Bourse présente l’avantage de partager les risques et les bénéfices entre l’Etat et le privé. « De par la plus grande transparence et attention portée par la population et les investisseurs privés professionnels, il existe aussi un effet disciplinant sur la gestion de la banque, les erreurs étant vite sanctionnées », explique Jean-Pascal Baechler.

Toutefois, le conseiller économique auprès de la BCV reconnaît des désavantages. Une cotation peut engendrer « lors de difficultés mineures, une attention accrue des médias et du public et une possible surréaction des marchés boursiers », relève-t-il.

L’entier du capital-actions de la BCV est constitué d’actions nominatives et coté depuis 1873 à la Bourse de Lausanne. En 2002, l’établissement a émis de nouvelles actions qui sont cotées à la Bourse suisse. L’Etat de Vaud, qui détient une part de 67%, ne peut pas abaisser sa participation au-dessous du seuil représentant la majorité absolue.

Contactée, la Banque cantonale du Jura (BCJ), cotée en Bourse depuis 2007, n’a pas voulu commenter les raisons et les avantages de sa cotation. La BCJ est le seul petit établissement romand à avoir passé le cap. La Banque cantonale neuchâteloise (BCN) et la Banque cantonale de Fribourg (BCF) ont l’entier du capital aux mains de l’Etat.

Coûts annexes

Du côté de la BCF, on ne veut pas répondre à la question de savoir si l’établissement envisage d’entrer en Bourse prochainement. A la BCN, on précise qu' »il n’y a pas de plan de privatisation prévu à court ou moyen terme », indique Caroline Plachta, sa secrétaire générale.

L’institut a « pour mission de soutenir l’économie cantonale et le fait d’avoir un seul actionnaire simplifie les choses », dit Caroline Plachta. Cette dernière observe que les deux banques cantonales romandes à être complètement en mains publiques aujourd’hui sont les deux seules qui n’ont pas dû être assainies ou recapitalisées lors de la crise immobilière des années 1990.

Selon Caroline Plachta, « pour une petite banque comme la nôtre, le règlement de la Bourse suisse est assez lourd, engendre des coûts annexes et les volumes traités seraient insignifiants ». Seul désavantage avancé: un client actionnaire profiterait des bons résultats de la banque et se sentirait peut-être plus proche encore de sa banque.

Pour la secrétaire générale de la BCN, les fonds propres actuels de l’établissement, qui se montent à 170%, sont suffisants pour mener à bien ses projets. La banque a toutefois la volonté de les faire progresser encore pour atteindre le seuil de couverture de 200%.

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