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La direction du Louvre défend la qualité des vitrines fracturées

Keystone-SDA

Face à la cascade de questions sur la sécurité de ses oeuvres, le Louvre s'est senti obligé mardi de défendre la qualité des vitrines brisées dimanche par des malfaiteurs. De son côté, la ministre de la Culture a dénoncé de "fausses informations".

(Keystone-ATS) Le climat est fébrile à la veille de l’audition de la présidente-directrice du musée le plus visité au monde, Laurence des Cars, par la commission des affaires culturelles du Sénat. Alors que les malfaiteurs courent toujours, le Louvre, au coeur d’une vaste tempête politico-médiatique, a défendu mardi auprès de l’AFP la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux inestimables dérobés dimanche dans la galerie d’Apollon, réagissant à un article du Canard enchaîné qui affirme qu’elles sont «apparemment plus fragiles que les anciennes».

«Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d’obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les oeuvres de la vue du public», écrit sa direction dans un message à l’AFP.

Selon le journal satirique, une ancienne vitrine blindée installée dans la galerie dans les années 1950 et dotée d’un système lui permettant de disparaître «à la première alerte» dans un coffre-fort aurait sans doute permis d’éviter le vol si elle avait été maintenue en place.

La direction du Louvre explique toutefois que ce système ancien, doté d’un nouveau mécanisme dans les années 1980, «était devenu inopérant et obsolète, avec des phénomènes de blocage dans la descente des volets latéraux». «Plusieurs accidents ont été déplorés», mettant «en danger les oeuvres», assure-t-elle.

Côté ministère de la Culture, tutelle du Louvre, la ministre Rachida Dati, a dénoncé «trop de fausses informations» et annoncé dans un message sur la plateforme X «la création d’une ligne de fact checking accessible pour la presse via le service de presse du musée du Louvre». Interrogés par l’AFP, ni son ministère, ni le musée du Louvre n’étaient en mesure d’en préciser les contours ou les modalités.

Rendre des comptes

Mercredi, Laurence des Cars, nommée en 2021 à la tête du prestigieux musée parisien, devra rendre des comptes devant la commission des affaires culturelle du Sénat qui l’auditionnera après ce vol, qui met en cause la fiabilité de son système de surveillance. «Il y a les oeuvres certes, mais sans les cinq agents qui se trouvaient sur place ou à proximité on aurait pu se retrouver avec un vrai drame humain», souligne Gary Guillaud, de la CGT-Culture, auprès de l’AFP, rappelant que personne n’a été blessé au cours du cambriolage.

Interrogée à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, Mme Dati a assuré que «les dispositifs de sécurité du musée n’ont pas été défaillants». «C’est une réalité, ils ont fonctionné», a-t-elle insisté. Elle a préféré évoquer la question de la surveillance de la voie publique alors que les voleurs ont pénétré dans le musée via une fenêtre à l’aide d’un monte-charge stationné sur la route côté Seine.

«Peut-être qu’on devrait s’interroger, et c’est une réflexion que nous avons avec le ministre de l’Intérieur, mais aussi avec la mairie de Paris, s’agissant justement de la sécurité sur la voie publique, qui n’existait pas à ce stade», a-t-elle dit. Son cabinet a reçu mardi les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée pour leur annoncer que l’enquête administrative évoquée la veille était confiée à l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), selon les syndicats.

Ceux-ci ont à cette occasion déploré la baisse des effectifs consacrés à la sûreté et à la sécurité des musées, en diminution de «25% en dix ans», selon Elise Muller de SUD-Culture. Ils dénoncent aussi «des budgets réorientés vers des projets muséaux au détriment du renouvellement des équipements dédiés à la surveillance des oeuvres et du public», selon elle.

Dans son édition à paraître mercredi, le journal satirique Charlie Hebdo titre à la Une «Jusqu’où l’humiliation ?», sous un dessin montrant deux malfaiteurs cagoulés emportant la Pyramide du Louvre.

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