
La Turquie ne doit pas être un « ennemi », dit le président syrien

(Keystone-ATS) Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré jeudi qu’il ne voulait pas faire de la Turquie un « ennemi », malgré le déploiement turc dans le nord du pays. L’opération turque a provoqué un affrontement entre leurs deux armées.
« Nous devons nous assurer de ne pas transformer la Turquie en ennemi », a affirmé M. Assad, lors d’une interview pré-enregistrée à la télévision d’Etat. « C’est là qu’intervient le rôle des ([pays, ndlr] amis », à l’instar de la Russie et de l’Iran, a-t-il indiqué.
Le président syrien a cependant qualifié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan d' »ennemi » en raison de sa politique hostile au pouvoir de Damas.
Tout au long du conflit syrien, ayant fait plus de 370’000 morts depuis son déclenchement en 2011, la Turquie a soutenu des groupes rebelles contre le régime de Bachar al-Assad.
Retour de l’Etat
La dernière offensive, lancée le 9 octobre, a permis à la Turquie et ses alliés de s’emparer d’une bande frontalière de 120 km au détriment de la principale milice kurde syrienne des unités de protection du peuple (YPG). L’opération a été suspendue par deux accords séparés conclus par Washington et Moscou avec les autorités turques.
L’offensive lancée par Ankara a donné à Damas l’opportunité de se déployer, pour la première fois depuis 2012, dans plusieurs secteurs du Nord syrien à la faveur de l’appel à la rescousse, lancé par les Kurdes après leur lâchage par Washington.
« L’entrée de l’armée syrienne [dans le nord, ndlr] signifie l’entrée de l’Etat », a affirmé M. Assad, ajoutant toutefois que le recouvrement de la souveraineté nationale dans ces zones et un éventuel désarmement des forces kurdes se feront « progressivement ».
Quant à l’accord entre Ankara et Moscou qui prévoit des patrouilles conjointes turco-russes le long de la frontière syro-turque, le président syrien l’a qualifié de « temporaire ». « Nous devons faire la distinction entre les objectifs stratégiques […] et les approches tactiques », a-t-il affirmé.
M. Assad a également évoqué la situation dans la région d’Idleb, dans le nord-ouest du pays, ayant fait l’objet d’un accord entre la Russie et la Turquie en septembre 2018, resté lettre morte. « Les Turcs n’ont pas respecté cet accord, mais nous libérerons Idleb […] progressivement par le biais d’opérations militaires », a-t-il affirmé.
La région d’Idleb est le dernier grand bastion hostile à Assad qui échappe à son pouvoir.