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Lausanne ouvre lundi les portes de son local d’injection

Les usagers de l'espace de consommation sécurisé de Lausanne y trouveront des seringues, des cuillères ou encore des pipes à crack propres. Keystone/CYRIL ZINGARO sda-ats

(Keystone-ATS) A Lausanne, l’espace de consommation sécurisé (ECS) de drogues accueillera dès lundi ses premiers usagers. La structure table sur une centaine de consommateurs par jour.

Troisième espace de ce type à voir le jour en Suisse romande après Bienne et Genève, le local lausannois situé au Vallon sera ouvert chaque jour de l’année de 12h00 à 19h00. Il s’adresse aux personnes, en priorité vaudoises, qui consomment de manière problématique des stupéfiants.

“Cet espace est sécurisé à différents points de vue”, a expliqué vendredi à Lausanne Matthieu Rouèche, directeur de la fondation Accueil à bas seuil (ABS), qui accompagne les toxicomanes et gère notamment ce lieu. Il doit permettre aux consommateurs, dont environ 60% n’ont pas de domicile fixe, de ne pas se droguer “dans des parkings, des cages d’escaliers ou en forêt”.

Matériel stérile

L’endroit ne fournit pas de drogue. Il propose par contre du matériel propre: seringues, cuillères, pipes à crack ou acide ascorbique en lieu et place du citron que les usagers traînent parfois longuement dans leurs poches et qu’ils utilisent pour dissoudre certaines substances.

“L’espace se veut aussi sécurisant avec une équipe formée à accompagner les usagers et sachant par exemple procéder à des réanimations”, précise le directeur. Quatre collaborateurs seront présents en permanence sur place et un agent d’accueil et de sécurité le surveillera.

Différentes salles

Concrètement, le site comprend un espace d’accueil, une salle de quatre places pour l’injection, une salle de quatre places pour l’inhalation et un emplacement pour le sniff. Il vient compléter un dispositif déjà existant, à savoir le centre de jour le Passage, l’espace la Terrasse où l’alcool est toléré et le Distribus qui fournit du matériel propre aux toxicodépendants.

“L’accès à l’ECS se veut facilité, sans contrainte”, souligne Matthieu Rouèche. Aucun dossier administratif n’est rédigé mais le bénéficiaire fournit quelques informations comme un prénom, son genre, son âge et son type de consommation.

A l’heure de l’inauguration, le municipal Oscar Tosato, en charge de la cohésion sociale et des sports, a tenu à préciser que les espaces de ce type en Suisse, au nombre de huit, “n’ont pas fait d’appel d’air”. Le socialiste y voit un moyen supplémentaire de diminuer les risques pour les consommateurs les plus précarisés et de réduire les nuisances pour la population. Quant au voisinage, il sera informé au travers de séances d’information.

Projet-pilote

Ce projet-pilote, d’une durée de trois ans, a été mis sur pied après le refus par les Lausannois d’un local d’injection en 2007. La structure coûtera 1,26 million de francs par an à la capitale vaudoise et un premier bilan intermédiaire est prévu après dix-huit mois.

La deuxième ville du canton, Yverdon-les-Bains (VD), étudie également la possibilité d’un local pour les personnes toxico-dépendantes. Une piste que les Alémaniques ont empruntée bien plus tôt: le premier local d’injection du pays a ainsi été ouvert en 1986 à Berne. Bâle a fait de même trois ans plus tard et Zurich en 1994, notamment.

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