
Le glacier d’Aletsch disparaîtra en 2100, selon une étude italienne

L'état de santé du glacier d'Aletsch (VS) inquiète Legambiente, la structure italienne qui surveille l'évolution des principaux glaciers en Italie et à l'étranger. Son rapport confirme que le glacier devrait disparaître en 2100, si rien n'est entrepris.
(Keystone-ATS) «Le glacier d’Aletsch ressemble à un océan de glace en grande détresse, malgré les dernières chutes de neige du mois de juillet», ont souligné les écologistes et scientifiques présents lors d’une conférence de presse, mercredi à Naters (VS).
Entre 2000 et 2023, le glacier a reculé en moyenne de 40 mètres par an, selon Glamos, le réseau suisse de surveillance des glaciers. A ce rythme et sans tenir compte d’un niveau de réchauffement climatique supérieur à aujourd’hui, le glacier disparaîtra sous sa forme actuelle, en 2100. «Il ne présentera alors que des plaques de glace aux altitudes les plus élevées»; ont souligné plusieurs glaciologues.
«Situation toujours plus préoccupante»
Cette étude réalisée conjointement par la caravane des glaciers de Legambiente, la principale entité écologiste italienne, la CIPRA Italie et la Fondation glaciologique italienne a mis en lumière une fragilité et une instabilité toujours plus préoccupantes du plus grand glacier des Alpes.
«Nous sommes principalement inquiets de la présence de morènes instables, de failles actives le long des versants supérieurs du glacier», expliquent les experts. «La raison de cette réalité? La crise climatique avec son augmentation ressentie des températures dans les Alpes, soit 2,9 degrés depuis l’époque pré-industrielle (1850), selon le Service climatique suisse.»
«Sur le glacier d’Aletsch, nous avons vu comment la santé du glacier affecte également la stabilité des pentes», poursuit Marco Giardino, professeur de glaciologie à l’Université de Turin. «La diminution progressive du volume de ce glacier a déclenché une série de déformations sur le versant gauche de la vallée: des fractures de tailles croissantes vers le bas et une vitesse d’évolution qui a augmenté avec le temps.»
Recherche d’interlocuteurs suisses
A sa sixième édition, la caravane des glaciers vise à sensibiliser les politiciens à la réduction des glaciers et à l’urgence d’agir pour les sauver. «Nous avons ainsi créé un manifeste, afin que l’Union européenne monitore mieux les glaciers et développe une gouvernance, des travaux interdisciplinaires et des collaborations internationales», résume Vanda Bonardo, la responsable nationale Alpes de Legambiente, à la recherche encore d’interlocuteurs politiques suisses.
Plusieurs aspects sont traités dans ce document, tels la biodiversité, le tourisme, l’instabilité des montagnes en lien avec le réchauffement climatique, les écosystèmes et le développement local. «Notre démarche se veut un partenariat écologique et scientifique», a tenu à préciser Vanda Bonardo.
Deux ans après le Morteratsch
Cette publication est soutenue par 80 entités, comme l’université de Turin, des ONG, Pro Natura et le CIPRA Suisse, mais aussi l’agence allemande pour l’environnement.
«Comme dans le cas de Blatten, seule une étude rigoureuse des relations entre le réchauffement climatique et l’instabilité naturelle permettra de mieux prévoir l’évolution de l’environnement alpin et de planifier une meilleure gestion du patrimoine naturel et du territoire», rappelle Marco Giardino, également vice-président de CIPRA Italie.
Site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le glacier d’Aletsch et le deuxième glacier suisse qui a été analysé par Legambiente après celui du Morteratsch, dans les Grisons, en 2023. Il ne mesure aujourd’hui plus que 20 km de long.