Les races traditionnelles de bétail suisse sont-elles menacées d’extinction?
La nouvelle ordonnance fédérale sur l’élevage rendra plus difficile l’élevage de races de bétail rares, estiment les associations d’éleveurs et de défense de ces espèces. Elles alertent sur le risque de déclin.
Le mouton de l’Oberland grison est-il en danger d’extinction? Il y a quelques décennies, le mouton de Tavetsch, dont la race grisonne est issue, avait pratiquement disparu. Mais une nouvelle lignée avait pu être constituée grâce aux quelques bêtes restantes ainsi que plusieurs moutons de races similaires.
Aujourd’hui, l’association pour la préservation du mouton de l’Oberland grison tire à nouveau la sonnette d’alarme. À la question de savoir si cette race pourrait disparaître, Ernst Oertle, président de l’association, répond: «Oui, c’est possible, même si je ne l’espère pas. Nous nous défendons et faisons tout pour que cela n’arrive pas.»
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L’inquiétude de cet éleveur est due à la nouvelle ordonnance fédérale sur l’élevage, qui entrera en vigueur le premier janvier prochain. Cette dernière exige des évaluations plus lourdes et donc plus coûteuses qui pourraient pousser certains professionnels à renoncer à cette activité. Et les évaluations risquent d’être plus souvent réalisées par des experts externes plutôt que par des membres d’associations.
«En tant qu’association, nous perdons le contact avec les éleveuses et les éleveurs, et l’accompagnement disparaît», regrette Ernst Oertle. Selon lui, cela pourrait avoir des conséquences sur la diversité génétique des animaux. «Dans ce cas, le mouton de l’Oberland grison sera en danger», ajoute-t-il.
Selon la fondation ProSpecieRara, d’autres races sont menacées. La Suisse compte38 races traditionnelles, notamment de chèvres, poules, porcs et vaches, dont plusieurs seront mises sous pression par la nouvelle ordonnance. Selon leurs défenseurs, le problème ne réside pas uniquement dans les évaluations, mais aussi dans la définition des programmes d’élevage.
Dans le futur, un programme ne sera reconnu comme tel que s’il vise l’amélioration d’une race. Or, pour les races traditionnelles, l’objectif est sa conservation. «C’est un problème, car nous craignons que la préservation de la diversité génétique des races passe au second plan», explique Maya Hiltpold, cheffe de projet Animaux chez ProSpecieRara.
Pour ProSpecieRara, deux raisons motivent la protection et la promotion des races rares: elles font partie du patrimoine culturel suisse, et elles sont adaptées au paysage et à l’agriculture du pays. «Nous ne savons pas de quelles caractéristiques nous aurons besoin à l’avenir», rappelle Maya Hiltpold. C’est pourquoi une grande diversité est essentielle, estime-t-elle.
De son côté, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) relativise ces inquiétudes. Il indique que les changements seront modestes et que l’amélioration d’une race peut aussi signifier sa conservation.
Christian Stricker, responsable de l’élevage animal à l’OFAG, explique: «Les améliorations ne doivent pas toujours concerner des caractéristiques économiques importantes. Elles peuvent aussi viser la gestion de la consanguinité.» La conservation d’une race peut donc parfaitement constituer l’objectif d’un programme d’élevage, estime-t-il.
L’OFAG affirme être conscient de l’importance des races de rente rares. «Nous avons le même objectif que ProSpecieRara. Nous consacrons 4,75 millions de francs aux contributions destinées à leur conservation», indique Christian Stricker. «C’est de la biodiversité en action. Nous ignorons quelles caractéristiques génétiques seront cruciales un jour», souligne-t-il.
Les races suisses rares doivent être protégées et favorisées: sur ce point, ProSpecieRara et l’OFAG sont d’accord. Mais la nouvelle ordonnance est-elle le meilleur moyen d’y arriver? La question fait débat.
Texte traduit de l’allemand à l’aide d’un traducteur automatique/dbu
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