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Le Musée des Beaux-Arts du Locle rayonne en Suisse romande

Nathalie Herschdorfer, directrice du MBAL estime que le rôle d'un musée est de se questionner sur les préoccupations contemporaines. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Excentré, le Musée des Beaux-Arts du Locle (MBAL) arrive à attirer des visiteurs de l’Arc lémanique, de Fribourg et de Suisse alémanique. Grâce à des expositions originales qui se renouvellent régulièrement.

Quand elle a repris la direction du MBAL en 2014, Nathalie Herschdorfer a décidé de supprimer l’exposition permanente, malgré quelques résistances. “Pour faire vivre un musée en périphérie, il faut donner aux gens l’envie de venir et de revenir”, a expliqué à Keystone-ATS la directrice.

Les oeuvres de la collection du musée n’interviennent plus que ponctuellement pour faire dialoguer une exposition. Le musée propose douze nouvelles expositions par an, lors de trois saisons. Dès samedi, il va dévoiler quatre expositions photographiques sur la thématique “Fluidités”.

Depuis son arrivée, Nathalie Herschdorfer a présenté plus de 50 expositions. Le musée enregistre hors Covid environ 10’000 visiteurs par an, mais seulement 7000 en 2021 en raison de la fermeture de plusieurs mois et des mesures sanitaires.

Les visiteurs sont rarement des touristes – qui viennent plutôt pour faire des balades dans la nature – mais des urbains. “Notre public fait le déplacement pour voir une exposition particulière”, a expliqué la directrice.

Stanley Kubrick au Locle

Pour inciter les touristes à passer la porte du musée ou pour pousser les visiteurs du MBAL à rester au Locle pour une nuit, le musée a conçu le festival Alt+ 1000, dont toute une partie est en plein air. L’an dernier, des photographies ont été exposées dans la Vallée de la Brévine.

Pour faire venir des expositions, le musée peut profiter du travail de commissaire d’exposition indépendante de la directrice, qui utilise son réseau pour en attirer au Locle ou pour faire rayonner l’établissement hors des frontières suisses. De nombreuses expositions sont présentées en co-production avec l’étranger.

L’exposition sur Stanley Kubrick a été par exemple produite par la Ville de New York et a connu sa première escale européenne au Locle, avant Helsinki. Dans l’autre sens, le MBAL a conçu “Chappatte – Gare aux dessins!”, une exposition actuellement visible à Genève. “C’est une façon d’être visible hors de nos murs”, a précisé Nathalie Herschdorfer.

Le musée a également co-produit en 2018 une rétrospective de la photographe et vidéaste californienne Alex Prager, qui a été présentée à Amsterdam, Londres, Moscou ou Milan. “Dans mon programme, j’aime mélanger les artistes internationaux et suisses et ceux de générations différentes”, a expliqué la directrice.

Des étudiants de l’ECAL vont exposer dans le cadre de la nouvelle saison qui commence samedi. “C’est un laboratoire pour eux. On espère aussi en même temps attirer des visiteurs plus jeunes car ceux de 25-30 ans sont peu nombreux à venir au musée”, a ajouté Nathalie Herschdorfer.

La directrice estime que le rôle d’un musée est aussi de produire une certaine culture ouverte aux préoccupations contemporaines. En faisant venir au Locle l’exposition new-yorkaise “The New Black Vanguard”, qui rend compte de l’émancipation des artistes noirs, l’établissement est en plein dans la cible.

Comme Nathalie Herschdorfer, âgée de 49 ans, est pressentie pour diriger le Musée de l’Elysée à Lausanne, l’institution pourrait souffrir de son départ. L’actuelle directrice du MBAL avait été collaboratrice du musée lausannois jusqu’en 2010.

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