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Le nouveau gouvernement d’Enrico Letta a prêté serment

(Keystone-ATS) Le nouveau gouvernement italien du chrétien démocrate Enrico Letta a prêté serment dimanche au palais du Quirinal de Rome. La cérémonie a eu lieu au moment où des coups de feu ont été tirés sur des carabiniers à quelques centaines de mètres de là, au palais Chigi, siège du gouvernement. Deux policiers ont été blessés dans la fusillade.

La cérémonie, un peu compassée, s’est déroulée en une demi-heure, sous les lambris dorés du Palais du Quirinal, siège de la présidence. M. Letta a été le premier à jurer sa fidélité à la Constitution, suivi par chacun des 21 ministres de son cabinet.

L’avenir du gouvernement d’Enrico Letta – constitué samedi sur la base d’une coalition entre droite, gauche et centre – reste suspendu à un vote de confiance des deux chambres du parlement lundi. Un feu vert qui n’est pas encore acquis.

Renato Brunetta, le président du groupe du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi à la Chambre des députés, a répété dimanche que sa formation ne voterait pas la confiance si M. Letta n’annonçait pas l’abolition de la taxe sur les résidences principales. Cet impôt avait été réintroduit l’an dernier par le gouvernement de Mario Monti.

« Geste d’un fou déséquilibré »?

Autre ombre au tableau de cette journée qui avait pourtant commencé sous le signe de l’espoir, la fusillade à environ 1 km du siège de la présidence. Vers 11h40, un Calabrais de 49 ans a tiré plusieurs coups de feu blessant des carabiniers postés devant le Palais Chigi.

L’un des carabiniers a été blessé au cou, l’autre à une jambe, et leur agresseur est hospitalisé pour des contusions. Une passante, frôlée par un projectile, a aussi été prise en charge. Aucune personne n’est grièvement touchée.

C’est « un acte isolé (…) le geste criminel tragique d’un chômeur qui voulait se suicider », a affirmé le nouveau ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano. Pour le maire de Rome Gianni Alemanno, il s’agit du « geste d’un fou déséquilibré ».

Autre son de cloche du côté du frère de l’auteur des tirs: il « n’a jamais souffert de pathologies psychiatriques et n’est pas un terroriste », a-t-il affirmé à l’agence Ansa. Malgré ces tirs, les cérémonies de passage de consignes se sont poursuivies normalement avec le traditionnel échange de la clochette du conseil des ministres entre M. Letta et M. Monti, tous deux souriants.

Forte présence de femmes

Cet exécutif, né au terme de deux mois d’impasse politique, est le résultat d’un savant dosage, avec neuf ministres du Parti démocrate, principal parti du centre gauche, cinq du PDL de Silvio Berlusconi et trois centristes, quatre autres étant des technocrates.

Angelino Alfano, l’un des plus proches alliés de Silvio Berlusconi, a ainsi été désigné ministre de l’Intérieur et occupera les fonctions de vice-président du Conseil.

Le ministère de l’Economie revient en revanche à un « expert » sans affiliation politique, l’actuel directeur général de la Banque d’Italie, Fabrizzio Saccomanni. Emma Bonino, ancienne commissaire européenne, devient pour sa part la première femme à diriger la diplomatie italienne.

Outre une alliance inédite entre droite et gauche, le gouvernement se distingue par une moyenne d’âge plutôt basse (53 ans, 10 de moins que le gouvernement Monti) et une forte présence de femmes (7 sur 21).

« Pacification de l’Italie »

« C’est la première tentative explicite de pacification de l’Italie », avec la formation d’une « coalition totalement inédite qui balaye 20 ans d’inimitiés » entre droite et gauche, a souligné l’éditorialiste politique du « Corriere della Sera », Massimo Franco. Pour la majorité des commentateurs, c’était la seule solution après les législatives des 24/25 février.

Le centre gauche s’était adjugé la majorité absolue à la Chambre des députés, mais pas au Sénat. Ce dernier s’est retrouvé partagé en trois blocs de poids quasi identiques (gauche, droite berlusconienne et contestataire du Mouvement 5 Etoiles).

Quant au manque d’expérience de certains ministres il a été vu autant comme une faiblesse, qu’une force innovatrice. Ils seront « jugés pour ce qu’ils feront et non sur le passé », estime le directeur de « La Stampa », Mario Calabresi.

De leur côté, l’Union européenne (UE), Paris et Washington ont félicité l’Italie pour ce nouveau gouvernement.

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