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Le patriarche de Constantinople officialise l’Eglise d’Ukraine

Le décret a été signé par le patriarche de Constantinople Bartholomée, en présence du chef de la nouvelle Eglise, le métropolite Iepiphani (debout derrière lui). KEYSTONE/EPA PRESIDENTIAL PRESS SERVICE POOL/MYKOLA LAZARENKO sda-ats

(Keystone-ATS) Le patriarche Bartholomée de Constantinople a signé samedi à Istanbul le décret confirmant formellement la création d’une Eglise ukrainienne indépendante de Moscou, a constaté l’AFP. Le président ukrainien Petro Porochenko a salué “un événement historique”.

“C’est un grand jour”, a ajouté le chef de l’Etat ukrainien, qui assistait à la cérémonie de signature de ce décret (“tomos”). “Une fois de plus, des mots de grande gratitude au nom du peuple ukrainien, au nom de notre nation, pour votre Sainteté”, a-t-il poursuivi en remerciant le patriarche.

“Cela nous a pris très longtemps pour en arriver là”. L’ancien président ukrainien Victor Iouchenko était également présent à la cérémonie.

Concile à Kiev

Le patriarcat de Constantinople a pris en octobre 2018 la décision historique de reconnaître une Eglise orthodoxe indépendante en Ukraine, suscitant l’ire de l’Eglise russe qui a dénoncé un “schisme” et rompu ses liens avec Constantinople.

En décembre dernier, un concile réuni à Kiev a acté la création d’une nouvelle Eglise orthodoxe, mettant fin à 332 ans de tutelle religieuse russe sur l’Ukraine, et élu à sa tête le métropolite Iepifani, 39 ans.

La nouvelle Eglise rassemble deux formations orthodoxes, le Patriarcat de Kiev autoproclamé en 1992 et doté du plus grand nombre de fidèles, selon les sondages, ainsi que la minuscule Eglise dite autocéphale. La troisième branche, loyale au Patriarcat de Moscou, qui a perdu une partie de ses fidèles depuis le début de la crise avec la Russie en 2014 mais dispose toujours du plus grand nombre de paroisses en Ukraine, a rejeté le concile comme “illégal”.

Schisme

Selon un représentant du patriarcat de Moscou, Vladimir Legoïda, le décret constitue “un document qui résulte d’ambitions politiques et personnelles incontrôlables”. Il a été “signé en violation des canons et ne possède donc aucune force canonique”, a-t-il ajouté dans un communiqué.

Les tensions religieuses marquent un nouvel épisode du divorce politique, culturel et social entre Kiev et Moscou depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 et l’éclatement d’un conflit armé entre l’armée ukrainienne et des séparatistes prorusses.

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