Les démocrates veulent agir vite dans la procédure de destitution de Donald Trump

(Keystone-ATS) Les parlementaires démocrates ont sommé vendredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo de leur livrer des documents nécessaires à leur enquête sur Donald Trump. Ils veulent agir vite avec la procédure de destitution engagée contre le président républicain.
Soulignant agir « avec célérité et de concert », trois commissions de la Chambre des représentants ont envoyé une injonction formelle au secrétaire d’Etat. Ne pas s’y plier « constituerait une entrave à l’enquête du Congrès », lui rappellent-ils dans un courrier.
En parallèle, les élus démocrates à la tête de ces commissions ont déjà fixé les dates pour entendre cinq hauts diplomates, susceptibles de leur fournir des informations sur le scandale ukrainien dans lequel Donald Trump est englué.
« Il ne faut pas que ça traîne », avait auparavant déclaré la cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi qui a tempéré pendant des mois les ardeurs de l’aile gauche du parti. L’affaire ukrainienne a visiblement été la goutte d’eau: mardi, elle a créé la surprise en décidant d’entamer une procédure de destitution de Donald Trump.
Si la démarche a peu de chances d’aboutir à la destitution de Donald Trump pour cause de majorité républicaine au Sénat, elle jette une ombre sur sa campagne de réélection et augure de luttes acharnées jusqu’au scrutin de 2020.
« Pas le choix »
Donald Trump « ne nous a pas laissé le choix », a assuré vendredi la dirigeante démocrate pour expliquer son changement de position: il a « trahi son serment, mis en péril la sécurité nationale et l’intégrité des élections », a-t-elle assuré.
Les démocrates lui reprochent d’avoir demandé, à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour porter les couleurs démocrates en 2020. Cette requête a été formulée lors d’une conversation téléphonique il y a deux mois.
Cet échange était « parfait », « tout à fait légal », « il n’aurait pas pu être plus honorable », a martelé Donald Trump sur Twitter. Signe de sa nervosité, le milliardaire new-yorkais, 73 ans, a déclaré « être en guerre » lors d’une conversation privée rendue publique par un témoin.
Visiblement très en colère, le locataire de la Maison Blanche a égratigné à la fois les démocrates (« le parti qui ne fait rien »), les journalistes (« bidons ») et le lanceur d’alerte à l’origine du scandale (« l’agent d’un parti? »).
« En guerre »
Signe de sa nervosité, Donald Trump a déclaré « être en guerre » lors d’une conversation privée rendue publique par un témoin. Ses ennuis sont dus à un membre de la communauté du renseignement qui, à la mi-août, avait notifié à sa hiérarchie ses inquiétudes sur la teneur de l’appel entre MM. Trump et Zelensky.
Il y a huit jours, des fuites dans les médias ont fait éclater l’affaire au grand jour. Acculée, la Maison Blanche a accepté de publier mercredi une transcription de leur échange dans l’espoir de convaincre qu’il était « anodin ».
Conversation « accablante »
Ses ennuis sont dus à un membre de la communauté du renseignement qui, à la mi-août, avait notifié à sa hiérarchie ses inquiétudes sur la teneur de l’appel avec Kiev. Il y a huit jours, des fuites dans les médias ont fait éclater l’affaire au grand jour. Acculée, la Maison Blanche a accepté de publier une transcription de l’échange dans l’espoir de convaincre qu’il était « anodin ».
Donald Trump s’y plaint d’en faire beaucoup pour l’Ukraine sans que « cela soit forcément réciproque », avant de formuler de vagues accusations contre Joe Biden et son fils Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien quand son père était le numéro 2 de Barack Obama. « Cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus », déclare-t-il à M. Zelensky.
Les démocrates ont jugé l’échange « accablant » et ont comparé Donald Trump à « un chef mafieux ». Le scandale a encore gagné en ampleur jeudi avec la publication du signalement du lanceur d’alerte qui accuse les juristes de la Maison Blanche d’être « intervenus pour ‘verrouiller’ toutes les archives » liées à cet appel. Pour lui, cela prouve que l’entourage du président « comprenait la gravité de ce qui s’était passé ».
« Bien occupés »
« Je ne crois pas qu’on ait besoin d’en savoir beaucoup plus », a déclaré vendredi sur CNN le parlementaire démocrate Eric Swalwell, qui siège dans les commissions judiciaire et du renseignement de la Chambre des représentants à la manoeuvre dans l’enquête lancée contre Donald Trump.
« En tant qu’ancien procureur, je dois vous dire que c’est plus facile quand l’accusé reconnaît les faits et là, le président ne nie pas ses propos », a-t-il ajouté en souhaitant lui aussi avancer « rapidement ».
Le Congrès a entamé vendredi deux semaines de vacances parlementaires mais le président de la commission du renseignement de la chambre basse, Adam Schiff, a fait savoir que ses membres allaient continuer à travailler. « Nous allons essayer de programmer des auditions, d’entendre des témoins, de rédiger des injonctions. Nous allons être bien occupés », a-t-il dit au site Politico.