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Les Hautes écoles vaudoises pour la libre circulation des cerveaux

La conseillère d'Etat vaudoise Cesla Amarelle (au centre) en compagnie des responsables des Hautes Ecoles vaudoises pour dire non à l'initiative de l'UDC "Pour une immigration modérée (initiative dite de limitation) mardi sur le site de l'UNIL. Keystone/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Les Hautes écoles vaudoises se sont mobilisées mardi pour plaider la libre circulation des cerveaux. Ensemble avec le canton, elles appellent à voter contre l’initiative UDC dite de limitation. Leurs responsables veulent éviter de mettre en péril la recherche.

Il avait été reproché aux représentants des Hautes écoles de ne pas s’être assez mobilisés en 2014 contre l’initiative sur l’immigration de masse. Cette fois-ci, ils ont décidé de mettre les bouchées doubles et de s’engager collectivement en vue de la votation du 27 septembre sur l’initiative “pour une immigration modérée”.

“L’excellence de la recherche ne s’atteint pas en s’isolant. Si l’initiative devait aboutir, cela anéantirait l’accord sur la recherche avec l’Union européenne. Cela aurait un effet dévastateur et massif”, a dit sur le campus lausannois la conseillère d’Etat vaudoise en charge de la formation Cesla Amarelle avant de laisser la parole aux responsables des Hautes écoles du canton.

Climat, énergie, IA, santé, numérique

Au-delà d’importants échanges financiers qui contribuent à la recherche, l’initiative remet en cause la liberté de circulation des personnes, et donc la libre circulation des cerveaux, ont-ils dit en substance. Si elle aboutissait, elle mettrait fin à de nombreuses coopérations internationales et rendrait très difficile la collaboration entre la Suisse et l’UE dans ces domaines de recherche.

En Suisse et dans le canton de Vaud, la recherche et la formation tertiaires sont des atouts clés dans toute une série de problématiques contemporaines: climat, énergie, intelligence artificielle, santé, transition numérique, etc, ont-ils ajouté.

“La recherche a toujours été de dimension internationale”, a rappelé Nouria Hernandez, rectrice de l’Université de Lausanne (UNIL). Elle a souligné que les budgets pour des projets en collaboration avec des programmes européens variaient entre 13,5 et 16,5 millions de francs depuis 2016.

Jusqu’à 20% du budget

Pour plusieurs Hautes écoles, les fonds provenant de l’UE représentent jusqu’à 20% de leur budget total pour les projets de recherche. Si l’initiative UDC passe, c’est tout ce financement qui risquerait de passer à la trappe. Les responsables des Hautes écoles craignent ensuite d’être mis de côté et d’empêcher des chercheurs vaudois de participer à des projets d’envergure.

Ils relèvent que “ces échanges avec l’Europe sont le socle de l’ancrage européen de la Suisse. La coopération scientifique progresse grâce aux partenariats qui dépassent les frontières. L’arrimage aux réseaux européens doit être préservé à tout prix, car il participe à l’innovation dans notre canton et dans tout le pays”.

Pour la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), quatre projets sont par exemple actuellement ouverts. Sa directrice Inka Moritz a concrètement cité un projet sur le cancer du sein en collaboration avec quatre autres pays de l’UE. Sur un budget global de quelque 330’000 francs, l’HESAV reçoit un financement européen de plus de 80’000 francs.

Du côté de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion Vaud (HEIG-VD), c’est une douzaine de projets qui sont en cours à ce jour pour un budget de 17 millions de francs. “Même si cela ne représente que 5% du budget de tous nos quelque 250 projets, cela a un grand impact en termes de visibilité et de notoriété de notre école ainsi que pour la motivation et la stimulation de nos chercheurs”, a expliqué Catherine Hirsch, directrice de l’HEIG-VD.

Tous les responsables ont aussi rappelé l’importance de la compétitivité, de pouvoir accueillir de jeunes talents et de faire rayonner les chercheurs vaudois à l’étranger. La collaboration avec l’UE a “un rôle irremplaçable pour nos écoles”, a insisté Mme Hirsch.

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