Okinawa vote contre le déplacement d’une base américaine

La base américaine d'Okinawa suscite des tensions avec les habitants dqui se plaignent de problèmes allant du bruit à des accidents ou crimes impliquant des occupants du site (archives). KEYSTONE/EPA JIJI PRESS/HITOSHI MAESHIRO sda-ats

(Keystone-ATS) Une majorité des habitants de la région d’Okinawa au Japon a voté dimanche contre le déplacement controversé d’une base militaire américaine. Quelque 72% des voix ont refusé ce transfert et 19% ont dit oui, ont annoncé les autorités locales.

Au nombre d’environ 434’000, les opposants étaient ainsi assez nombreux pour atteindre le seuil exigé afin que le gouverneur d’Okinawa Denny Tamaki « respecte » le résultat de ce référendum à caractère symbolique, ont-elles précisé après le dépouillement de 99% des bulletins de vote.

Le référendum stipulait que le gouverneur de ces îles situées à plus de 1500 km au sud-ouest de Tokyo était appelé à « respecter » le résultat des urnes si celui-ci rassemblait au moins un quart des quelque 1,15 million d’inscrits, soit environ 290’000 voix.

Pas d’obligation légale

Ce vote sans valeur légale appelait à se prononcer sur un projet, soutenu par les gouvernements japonais et américain, de transfert de la base du corps des Marines de Futenma de Ginowan, zone densément peuplée d’Okinawa où elle se trouve, vers un site isolé sur le littoral, en partie gagné sur la mer.

Le taux de participation était légèrement supérieur à 50%, laissant ouverte la question de l’effet concret de ce référendum. Quelle qu’en soit l’issue, il ne constituera aucune obligation pour le gouvernement central de Shinzo Abe. Selon un sondage publié cette semaine par le quotidien de gauche Asahi Shimbun, 80% des personnes interrogées souhaitaient que Tokyo respecte le résultat.

Mais rien n’a semblé indiquer, ces derniers temps, que l’exécutif serait prêt à renoncer à ce déplacement. Son porte-parole Yoshihide Suga a clairement dit qu’il n’était pas prévu d’arrêter ce projet.

Fardeau disproportionné

Les habitants opposés à ce déménagement souhaitent que la base américaine quitte totalement la région d’Okinawa, arguant qu’elle supporte une part disproportionnée du fardeau militaire américain. Okinawa totalise moins de 1% de la superficie totale du Japon, mais héberge plus de la moitié des quelque 47’000 militaires américains stationnés dans l’archipel.

Pour les Etats-Unis, ces îles proches de Taïwan ont une très grande importance stratégique en Asie.

« Ce référendum a à nouveau souligné la forte opposition d’Okinawa à ce déménagement », a déclaré à l’AFP, Yoshinobu Yamamoto, professeur de sciences politiques à l’Université de la préfecture de Niigata. Selon lui, « le résultat pourrait servir d’atout au gouverneur dans la négociation, mais il a peu de chance d’avoir un impact immédiat ».

Le gouverneur Denny Tamaki, fils d’un Marine américain et d’une Japonaise, est également opposé au transfert de la base. « Cette dispute est loin d’être résolue », a estimé M. Yamamoto.

Accidents et crimes

Le déplacement de Futenma vers la région de Nago, à 50 kilomètres de là, avait été décidé une première fois en 1996 alors que Washington s’efforçait de calmer la colère des habitants après le viol collectif d’une écolière par des militaires américains. Depuis, ce projet avait été gelé en raison des oppositions auxquelles il était confronté.

Le site militaire suscite des tensions avec les habitants d’Okinawa qui se plaignent de problèmes allant du bruit à des accidents ou crimes impliquant des occupants de la base.

Les manifestations contre la présence de la base ont été quotidiennes à Okinawa depuis le début de la campagne pour le référendum mi-février. Mais les travaux d’extension des terres se sont néanmoins poursuivis à Nago.

« Nous espérons que le référendum va doper notre lutte », avait déclaré à l’AFP vendredi un manifestant parmi une centaine qui tentait d’empêcher l’accès des camions. « Le gouvernement se moque d’Okinawa ».