
Pérou: l’armée déployée dans les rues de Lima

Les militaires ont été déployés mercredi dans les rues de Lima après l'instauration de l'état d'urgence en raison de la vague de violences qui secoue le Pérou. La mesure est toutefois jugée insuffisante par certains habitants, a constaté l'AFP.
(Keystone-ATS) Le gouvernement intérimaire du conservateur José Jeri a annoncé la mesure mardi soir. Elle prévoit le déploiement de l’armée dans les rues, restreint des libertés comme celle de réunion et interdit à deux personnes de circuler sur la même moto. Le décret restera en vigueur pendant trente jours à Lima et dans le port voisin du Callao, touchant près de dix millions de personnes.
«Nous avons déjà vécu cela auparavant (…) et l’état d’urgence n’a rien changé», estime Katrina, une avocate de 46 ans, qui requiert l’anonymat. «Nous avons besoin d’autres mesures», ajoute-t-elle, en marchant dans une rue du quartier touristique de Miraflores.
Les Péruviens font face à une forte poussée de l’insécurité, attribuée au crime organisé, qui a déclenché de multiples manifestations menées dernièrement par la Génération Z, un collectif de jeunes qui dénonce l’insécurité croissante et la crise politique permanente dans un pays qui a connu sept présidents en une décennie.
«À chaque instant, nous nous sentons menacés (par la criminalité). Nous ne savons pas si nous rentrerons chez nous» à la fin de la journée, explique Lidia Osorio, une femme au foyer de 50 ans, qui affirme ne pas se sentir en sécurité malgré la présence de l’armée.
Extorsion en hausse
Lima avait déjà été partiellement placée sous état d’urgence entre mars et juillet, après l’assassinat d’un chanteur populaire de cumbia, Paul Flores, attribué au crime organisé. Cette mesure n’a cependant pas réussi à inverser la courbe de l’insécurité.
Certains habitants, comme Mme Osorio, disent aspirer à la fermeté de dirigeants tels que Nayib Bukele au Salvador, bien que des organisations humanitaires dénoncent sa dérive autoritaire et des violations des droits humains. Pour Daniel Ayala, un étudiant de 21 ans, l’arrivée de Nayib Bukele au Salvador a été un «coup de maître» pour le pays d’Amérique centrale.
Les plaintes pour extorsion au Pérou sont passées de 2396 en 2023 à plus de 17’000 en 2024, la plupart à Lima et dans sa périphérie, selon les chiffres officiels. Cette vague d’insécurité a conduit à la destitution de la présidente Dina Boluarte le 10 octobre et son remplacement par le président du Parlement, José Jeri.