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Pays-Bas: l’extrême droite et le centre au coude à coude

Keystone-SDA

Donnée dans un premier temps battue lors des législatives anticipées aux Pays-Bas , l'extrême droite de Geert Wilders est désormais en tête à égalité avec un parti centriste, dans une projection publiée jeudi. Le scrutin est très suivi en Europe.

(Keystone-ATS) Alors que les sondages réalisés à la sortie des urnes avaient créé la surprise en plaçant en première position le parti progressiste D66 de Rob Jetten, devant le parti d’extrême droite PVV de Geert Wilders, l’agence ANP leur a ensuite attribué 26 sièges chacun, sur 150 au Parlement. Cette projection s’appuie sur les résultats prenant en compte le dépouillement de près de 95% des voix.

Au début de cette nuit électorale à suspense, test de l’avancée de l’extrême droite en Europe, l’institut Ipsos I&O donnait 27 sièges à D66 et 25 au PVV.

Dans tous les cas, c’est une longue période de négociations qui s’ouvre pour les partis pour tenter de former une coalition, dans un système politique très fragmenté. Et c’est un revers pour le PVV qui perdrait 11 sièges par rapport à son succès électoral retentissant de 2023.

«On l’a fait»

«Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat, mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes», a déclaré sur le réseau social X le dirigeant d’extrême droite de 62 ans.

Quel que soit le résultat définitif, M. Wilders ne sera a priori pas premier ministre, les principaux autres partis ayant exclu pour l’instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.

Les premiers résultats placent donc le chef de D66, Rob Jetten, 38 ans, en pole position pour devenir le plus jeune premier ministre néerlandais et le premier ouvertement homosexuel.

Ses partisans ont laissé éclater leur joie lors de leur soirée électorale à Leyde, près de La Haye, brandissant des drapeaux néerlandais et européens. «On l’a fait!» s’est exclamé M. Jetten dans un discours.

«Il s’agit d’un résultat électoral historique, car nous avons montré non seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier qu’il est possible de vaincre les mouvements populistes et d’extrême droite», a-t-il déclaré devant des journalistes celui qui était monté en flèche ces derniers jours dans les sondages grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique.

Elections déclenchées par Wilders

Les élections aux Pays-Bas étaient suivies de près en Europe, car elles devaient permettre d’évaluer l’ampleur de la poussée de l’extrême droite partout dans le continent, notamment au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.

M. Wilders a lui-même déclenché les élections anticipées en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l’immigration, retirant le PVV d’une fragile coalition quadripartite.

La campagne s’est principalement jouée autour de l’immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes dans ce pays densément peuplé. Elle a été entachée de violences lors de manifestations anti-immigration et de désinformation.

Bart Paalman, un boulanger de 53 ans, a voté à la maison Anne Frank à Amsterdam, transformée en bureau de vote. «La société devrait être plus positive. C’est pourquoi je vote pour un parti qui n’est pas si agressif», a-t-il expliqué à l’AFP.

Longues négociations

Le résultat définitif devrait être connu jeudi et les partis vont s’atteler à s’accorder sur une coalition, un processus qui pourrait prendre des mois.

Derrière les deux formations en tête, le parti libéral de centre-droit VVD devrait remporter 22 sièges, l’alliance de gauche Verts/travaillistes, 20, selon la projection d’ANP.

«Il faudra certainement du temps aux Pays-Bas pour retrouver la stabilité et former une nouvelle coalition», a observé Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l’université de Leiden, avant le sondage de sortie des urnes. «Les partis sont idéologiquement très différents, ce qui rendra les compromis très difficiles», ajoute-t-elle, interrogée par l’AFP.

En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, le premier ministre démissionnaire, Dick Schoof, continue de gérer les affaires courantes.

Frans Timmermans, 64 ans, ancien vice-président de la Commission européenne, a jeté l’éponge après le résultat décevant de son alliance écologiste de gauche. «Ce soir, je quitte mes fonctions de chef de parti. Le coeur lourd», a-t-il déclaré.

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