Pierre: Monnard «Betty Bossi, une influenceuse avant l’heure»
Qui n'a pas cuisiné un plat en suivant les recettes de Betty Bossi ? Le réalisateur suisse Pierre Monnard revient avec "Salut Betty", un film qui suit cette ménagère imaginaire, tout en révélant Emmi Creola, la femme qui l’a inventée.
(Keystone-ATS) «Je me demande toujours quelle histoire suisse pourrait toucher tout le monde: les Alémaniques, les Romands, les Tessinois… et Betty Bossi s’est imposée comme une évidence», a expliqué Pierre Monnard à Keystone-ATS. «On ne connaissait ni son origine, ni qui l’avait inventée. En enquêtant, on a découvert une rédactrice publicitaire zurichoise Emmi Creola, dont la vie était incroyablement moderne.»
Sarah Spale, actrice fétiche du réalisateur
Pour incarner le rôle principal, il met en scène Sarah Spale, actrice fétiche du réalisateur, qu’il retrouve pour la quatrième fois, – comme dans «Les enfants du Platzspitz», l’un des plus grands succès récents du cinéma suisse avec plus de 330’000 entrées. «Elle est, selon moi, l’une des meilleures actrices de sa génération.»
Le film navigue entre biopic libre et romance intime. «L’histoire d’amour entre Emmi et son mari, Ernst, incarné par Martin Vischer, est le cœur du récit», confie Pierre Monnard. «Leur volonté de rester ensemble, de s’épanouir mutuellement, de concilier vie familiale et ambitions personnelles… C’est incroyablement contemporain.»
Le réalisateur assume une certaine liberté narrative, tout en s’appuyant sur des archives, lettres et témoignages. «On a condensé la chronologie, mais tout est inspiré de faits réels. J’espère que si Emmi Creola voyait le film, elle s’y reconnaîtrait.»
Pas seulement un biopic
Pour Pierre Monnard, «Salut Betty» n’est pas seulement un biopic. C’est le portrait d’une époque en pleine mutation: celle des années 1950, entre révolution technologique, bouleversements sociaux et prémices de l’émancipation féminine.
«Les années 50, c’est une mini-révolution domestique. La radio, la télé, les appareils électroménagers s’installent dans les foyers. Et Betty Bossi incarne parfaitement cette transformation», explique le réalisateur.
Le film aborde aussi bien l’immigration italienne en Suisse, qui a contribué à transformer les habitudes culinaires. «On oublie qu’avant les années 50, on ne mangeait pas de pizza ici. Betty Bossi a été l’une des premières à ouvrir ses livres à ces influences.»
Le toast Hawaï arrive dans les foyers suisses, promesse d’exotisme bon marché. «Une simple rondelle d’ananas, une cerise rouge, suffisait pour avoir l’impression de voyager !», s’amuse le Fribourgeois.
Jongler entre carrière, famille, couple
Destiné à tous les publics, le film vise aussi les jeunes générations. «Ce que vivait cette femme en 1950 – jongler entre carrière, famille, couple – ce sont encore nos débats d’aujourd’hui. Ce film résonne avec ma propre vie», confie Pierre Monnard.
Présenté en avant-première suisse au GIFF à Genève, «Salut Betty» bénéficie d’une sortie nationale simultanée, chose rare pour un film helvétique, – le 20 novembre en Suisse alémanique et au Tessin et le 26 novembre en Suisse romande, avec une avant-première le 25 novembre au Capitole à Lausanne.