
Pierre Maudet pour un cursus universitaire afin de former la relève
(Keystone-ATS) Le président de la Commission fédérale pour la jeunesse Pierre Maudet plaide pour la mise en place de cours universitaires spécialement conçus pour les jeunes qui entendent entamer une carrière politique. L’important abstentionnisme des jeunes Suisses fait souci, dit-il dans une interview à la «Schweiz am Sonntag».
«Nous ne sommes pas obligés de copier les Français avec leur école d’élite qu’est l’ENA», ajoute le conseiller d’Etat libéral-radical genevois. Mais l’idée d’encourager la relève politique de manière ciblée dans les écoles est bonne.
Les jeunes ne sont toutefois pas les seuls à ne pas aller voter. Il s’étonne aussi du peu d’étrangers naturalisés qui font usage de leurs droits de citoyens. «C’est problématique, car cela montre un désintérêt grandissant de la population à l’égard de décisions politiques qui la concernent», estime Pierre Maudet. A cela s’ajoute la frustration que beaucoup ressentent envers les politiciens et les autorités.
L’abstentionnisme ne signifie pourtant pas que les jeunes sont apolitiques. Toutefois les jeunes d’aujourd’hui sont peut-être plus pragmatiques, moins idéologiques et très certainement désillusionnés par la politique.
Il leur manque assurément aussi des modèles. La politique donne trop l’impression que les fonctions importantes sont occupées par des gens qui ont au moins 50 à 60 ans. Le rapport entre gain et charge peut aussi en décourager plus d’un: la responsabilité et le temps à consacrer à la tâche sont grands, alors que le salaire est moindre par rapport à l’économie privée.
Pas qu’a posteriori
Pierre Maudet pense en outre que les jeunes ne croient plus les politiciens. Il faudrait trouver des moyens pour que les jeunes puissent quand même faire entendre leur voix. «Et pas seulement après coup comme avec les protestations à propos d’Erasmus à la suite du vote du 9 février», a ajouté M. Maudet.
L’analyse VOX a montré que les 18 à 29 ans avait clairement rejeté l’initiative contre l’immigration, qui n’a recueilli auprès d’eux que 42% des voix, mais constituait la catégorie d’âge qui a le plus boudé les urnes.
Le fort abstentionnisme des jeunes de moins de 30 ans ne semble pas être exceptionnel. Selon une étude de l’Institut gfs Bern portant sur 45 votations depuis 2000, et citée dans la «Schweiz am Sonntag», la participation de cette catégorie d’âge a même plusieurs fois été encore plus basse.