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Recul des salaires réels enregistré en 2018

Manifestation pour de meilleurs salaires (archives). Keystone/EQ IMAGES/ANDREAS MEIER sda-ats

(Keystone-ATS) En 2018, le salaire médian en Suisse était de 6538 francs brut par mois, indique mardi l’Office fédéral de la statistique (OFS). C’est un demi-pourcent de plus que deux ans plus tôt en termes nominaux. Les salaires réels ont toutefois baissé de 0,4%.

Le paysage salarial suisse présente de fortes disparités selon les branches économiques. Les niveaux de rémunération sont clairement supérieurs au salaire médian dans les activités économiques à forte valeur ajoutée telles que les activités informatiques et services d’information (9000 francs), l’industrie pharmaceutique (9747 francs) ou encore les services financiers (9921 francs).

Au bas de l’échelle des salaires, on retrouve l’industrie textile et de l’habillement (5095 francs), le commerce de détail (4875 francs), l’hébergement et la restauration (4412 francs) ainsi que les services personnels (4144 francs), souligne l’OFS dans son étude sur l’évolution des salaires.

Femmes toujours prétéritées

Dans l’ensemble de l’économie, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes a légèrement reculé. Il était de 11,5% en 2018 contre 12% en 2016 et 12,5% en 2014. A ce rythme, il faudra encore 46 ans pour atteindre la pleine égalité salariale.

L’écart est plus élevé dans le secteur privé (14,4%) que dans le secteur public (11,4%). Selon l’OFS, la différence de salaires “s’explique en partie par des profils structurels et des activités exercées différentes (notamment le niveau de responsabilité du poste occupé ou la branche économique). Ces écarts salariaux mettent en évidence l’insertion professionnelle inégale qui existe entre le personnel féminin et masculin sur le marché du travail”.

Le différentiel salarial entre les sexes est d’autant plus marqué que la position dans la hiérarchie est élevée. Ainsi, les femmes occupant les postes à haute responsabilité gagnent 8872 francs bruts alors que, pour le même niveau de responsabilité, la rémunération de leurs collègues masculins se monte à 10’893 francs (+18,6%).

L’écart salarial en défaveur du personnel féminin est moins marqué pour les emplois exigeant des niveaux plus bas de responsabilité (9,4%) et de 7,6% pour les femmes sans fonction de cadre.

Ecart global stable

Ces différences ne concernent pas uniquement les sexes. La fourchette générale des salaires, à savoir l’écart global entre les salaires les plus élevés et ceux les plus bas, est restée relativement stable entre 2008 et 2018.

Durant cette même période, les 10% des personnes les mieux payées ont vu leur rémunération augmenter de 9,1%. Les salariés appartenant à la “classe moyenne” ont connu une augmentation salariale de 7,3% alors que la hausse des salaires pour les 10% des personnes les moins bien payées s’est montée à 9,6%.

Appel à des CCT

Dans ce contexte, les syndicats s’inquiètent du fait que, pour la première fois depuis dix ans, la situation dans le secteur des bas salaires s’est détériorée. Le nombre d’emplois à bas salaire – c’est-à-dire de personnes gagnant moins de 4359 francs brut par mois – a augmenté à 353’000, contre 329’000 en 2016.

Pour l’Union syndicale suisse (USS), cette évolution “inquiétante” confirme que ce sont dans les branches sans convention collective fixant un salaire minimum que les plus graves problèmes se posent. Dans les branches avec CCT classiques comme le second oeuvre ou l’hôtellerie-restauration, les salaires réels ont augmenté.

L’USS juge donc nécessaire de procéder à une augmentation générale des salaires et de conclure davantage de conventions collectives de travail avec de bons salaires minimaux.

Bonus “opaques”

Travail.Suisse demande pour sa part “une répartition équitable des salaires pour tous les employés au lieu de primes non transparentes pour une minorité de personnes choisies”. L’organisation pointe du doigt le fait que la part des bonus n’a cessé d’augmenter depuis 2014. Le versement de bonus “opaques” se fait au détriment des femmes et des salariés à temps partiel, dénonce-t-elle.

Après avoir fortement baissé de 2008 à 2014, dans le sillage de la crise financière, les montants des bonus sont repartis à la hausse. Selon l’enquête de l’OFS, la valeur moyenne des bonus attribués en 2018 était de 9913 francs, soit une hausse de près de 10% en deux ans.

Près d’un salarié sur trois (32,8%) a reçu un bonus. La valeur des boni varie considérablement selon les branches économiques et selon le niveau de responsabilité occupé au sein de l’entreprise.

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