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Arsenic et eau potable

80 millions de personnes risquent d'être affectées par l' arsenic présent dans l'eau du pays. EAWAG

Des scientifiques suisses ont mis au point un biodétecteur bon marché, rapide et efficace pour mesurer la teneur d'arsenic dans l'eau potable.

Cet outil est prometteur pour un pays comme le Bengladesh, où des millions de personnes sont menacées.

Les tests de laboratoire ont démontré la fiabilité du détecteur, capable de déceler de faibles quantités d’arsenic.

Les chercheurs de l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG) à Dübendorf préparent de nouveaux essais sur le terrain. Ils ont d’ores et déjà déposé une demande de brevet et ils cherchent également des partenaires industriels.

Une source de danger

L’arsenic est un élément chimique semi-métallique toxique, présent naturellement dans les nappes phréatiques du Bengladesh.

Le poison est pompé avec l’eau des puits, construits généralement avec des financements de la communauté internationale, laquelle n’a pas vu le danger.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que ce ne sont pas moins de 80 millions de personnes qui risquent d’être affectées par cet arsenic présent dans les nappes phréatiques du pays.

Une exposition prolongée au poison peut provoquer des maladies de peau, des tumeurs ou des troubles respiratoires parfois mortels.

Changement de couleur

«Le biodétecteur bactériologique est un instrument très simple et sensible à de très faibles quantités», explique le microbiologiste Jan-Roelof van der Meer, responsable de l’équipe de chercheurs.

Les cellules du détecteur changent de couleur sur la bande de papier-test en fonction de la teneur en arsenic présente dans le liquide analysé.

Il existe déjà des tests chimiques sur le marché. Mais ils ne sont pas assez sensibles ou détectent difficilement de faibles teneurs en arsenic. D’autres exigent un coûteux équipement de laboratoire.

Selon les recommandations de l’OMS, la limite maximale d’arsenic tolérable dans l’eau potable est de 10 microgrammes par litre. «Notre biodétecteur réagit à de très faibles quantités, précise Jan-Roelof van der Meer soit entre 2 et 5 microgrammes par litre.»

Détecter avant tout

Le chercheur de Dübendorf admet que le détecteur ne permet pas de résoudre le problème de la contamination en soi. Mais, selon lui, le fait de pouvoir détecter la présence d’arsenic est un premier pas.

Selon le microbiologiste, les concentrations d’arsenic dans les puits peuvent varier très fortement, même dans un rayon limité. «Il se peut même qu’un puits donné d’un village soit contaminé, et qu’un autre à 100 mètres de là ne le soit pas.»

Après avoir réussi les premiers tests de son prototype en laboratoire, l’équipe se prépare maintenant à les poursuivre au-dehors.

La principale difficulté réside dans le fait que le détecteur est basé sur une bactérie génétiquement modifiée. De ce fait, les recherches sur le terrain doivent être entourées des plus grandes précautions.

Perspectives financières



On estime qu’il y a plus de 11 millions de puits au Bengladesh et qu’ils doivent tous être analysés.

D’autres pays en voie de développement, surtout en Asie du Sud-Est, ont de gros problèmes de pollution de l’eau potable à l’arsenic.

Mais si la situation est particulièrement grave au Bengladesh, c’est parce que les réserves d’eau y sont organisées de manière très locale, essentiellement sous forme de puits.

L’équipe de Dübendorf espère donc être bientôt en mesure de former des chercheurs du Bengladesh et du Vietnam.

swissinfo/Vincent Landon

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