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Amnesty fustige la stratégie migratoire australienne à Nauru

Les conditions de vie des réfugiés transférés par l'Australie sur l'île de Nauru sont inadmissibles, selon un rapport d'ONG (archives). KEYSTONE/AP/RICK RYCROFT sda-ats

(Keystone-ATS) Les migrants qui cherchent à se réfugier en Australie par voie maritime sont transférés de force à Nauru, Etat insulaire du Pacifique. Une politique critiquée par des ONG, qui dénoncent notamment une violation de la loi internationale sur l’aide aux réfugiés.

“L’Australie, pays occidental, ne peut traiter de cette manière les migrants”, affirme Anna Neistat, responsable de la recherche chez Amnesty International dans un entretien publié lundi dans Le Temps.

Sur l’île de Nauru, un centre régional de traitement s’occupe de délivrer le statut de réfugiés aux demandeur d’asile. Les conditions de vie y sont déplorables, raconte-t-elle.

Environ 1200 hommes, femmes et enfants subissent de graves atteintes aux droits humains, des traitements inhumains et des actes de négligence, ont dénoncé Human Rights Watch et Amnesty International dans un rapport publié au début du mois d’août.

Libertés réduites

La politique d’immigration, dite “solution du Pacifique”, a été créée en 2001 par Canberra. Elle a été stoppée en 2007, mais reprise en 2012.

“Aucune caméra n’est autorisée à l’intérieur de ce camp et les migrants sont victimes de restrictions de libertés. Ils peuvent sortir uniquement lorsqu’ils obtiennent le statut de réfugiés”, explique Mme Neistat. Une fois à l’extérieur, ils sont installés dans des “maisons containers”, sur Nauru qu’ils ne peuvent quitter.

Mais, là aussi, le rapport est accablant. “Chaque réfugié et demandeur d’asile rencontré a signalé avoir subi ou connaître un membre de sa famille qui a subi des actes d’intimidation, de harcèlement ou des violences, infligés par des Nauruans agissant seuls ou en groupe”.

Situation inédite

Selon Mme Neistat, la situation sur l’île de Nauru est inédite pour deux raisons. La première: la ferme volonté de Canberra de garder secrète la situation. Aucun journaliste, aucune ONG ne peut s’y rendre, et personne ne peut dénoncer ce qui s’y passe.

La deuxième: “L’Australie et Nauru ne sont pas en guerre. L’île n’est pas une zone de conflit”. “Rares sont les pays qui déploient autant d’efforts pour infliger des souffrances à des hommes et des femmes en quête de sécurité et de liberté”, complète la représentante d’Amnesty.

Méthode dissuasive

Le gouvernement australien a rejeté en bloc les accusations des deux organisations. Selon les chiffres officiels au 30 juin, 442 demandeurs d’asile étaient détenus à Nauru, et 854 sur l’île de Manus.

L’Australie soutient que sa politique extrêmement dure vis-à-vis des migrants permet de dissuader les réfugiés d’entreprendre la périlleuse traversée vers les côtes australiennes.

Nauru, minuscule île de 21 km2, pauvre, est plus petite que l’aéroport de Melbourne. Elle compte 10’000 habitants.

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