Ukraine: premiers dérapages 36 heures après la trêve
(Keystone-ATS) Le gouvernement ukrainien et les séparatistes prorusses n’envisageaient pas lundi le retrait des armes lourdes à minuit, comme convenu dans l’accord Minsk 2. Les deux camps se sont accusés de violer le cessez-le-feu, alors que les bombardements se poursuivaient autour de Debaltseve. L’UE a adopté de nouvelles sanctions contre la Russie.
L’Ukraine « respecte pleinement » le cessez-le-feu dans l’est du pays mais a subi « 112 attaques dans les dernières 24 heures », a déclaré lundi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine, lors d’une visite à Sofia. Il a cité des « tirs de mortier et de (roquettes) Grad ».
« Nous sommes pleinement engagés dans le respect des accords de Minsk. Pour nous, c’est la seule voie possible pour le pays », a ajouté M. Klimkine, relevant que « malheureusement, la situation reste extrêmement tendue ».
« Il est nécessaire maintenant de cesser les tirs, de retirer l’artillerie lourde et de commencer l’échange des prisonniers, de façon à ce que l’aide humanitaire puisse arriver jusqu’aux gens », a souligné le ministre.
Plusieurs soldats tués
Mais un porte-parole militaire a exclu « pour le moment » un retrait des armes lourdes. « Comment peut-on retirer les armes si les rebelles tentent de nous attaquer avec des chars et qu’ils tirent sur nous en permanence ? », a souligné à l’AFP Vladislav Selezniov.
Du côté des rebelles, le retrait des armes lourdes n’aura pas lieu non plus avant l’arrêt « total » des tirs, selon un responsable.
Trente-six heures après l’entrée en vigueur d’un nouveau cessez-le-feu convenu jeudi dernier à Minsk entre les dirigeants allemand, français, russe et ukrainien, d’intenses combats continuaient lundi autour de la ville stratégique de Debaltseve. Plusieurs milliers de soldats ukrainiens menacés d’encerclement par les combattants prorusses sont stationnés dans cette ville.
Une source militaire ukrainienne a déclaré qu’au total quatre soldats de l’armée gouvernementale ont été tués et 21 blessés depuis l’entrée en vigueur de la trêve dimanche à minuit.
Deux vice-ministres russes visés
Les tensions restent intenses aussi sur la scène politique. L’Union européenne a publié lundi matin une nouvelle liste noire de personnes et entités sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine. Deux vice-ministres russes de la Défense, Arkady Bakhin et Anatoly Antonov, figurent sur ce document.
Bruxelles estime que « la politique du gouvernement russe », que les deux vice-ministres contribuent à mettre en oeuvre sur le plan militaire, « menace l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine ». Moscou a toujours démenti avoir envoyé des troupes combattre aux côtés des rebelles séparatistes, dans ce conflit qui a déjà fait plus de 5500 tués en dix mois.
Séparatistes ciblés
Le directeur du service central des opérations et chef adjoint de l’état-major général des forces armées russes, Andrei Kartapolov, se trouve aussi sur cette nouvelle liste de l’UE.
Parmi les autres personnes visées figurent deux parlementaires, Joseph Kobzon et Valery Rashkin. Le premier, qui a visité le bastion séparatiste de Donestsk, a été nommé consul honoraire en Russie par les séparatistes.
Plusieurs hauts responsables politiques et militaires des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, un procureur, ainsi que des bataillons rebelles, sont également sanctionnés. Au total, 19 nouvelles personnalités et neuf entités ont été ajoutées à la liste, qui intègre désormais 151 noms et 37 entités.