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Berne déplore l’expulsion d’un Suisse de Tunisie

Amnesty signale régulièrement des violations des droits humains en Tunisie. Amnesty International

La Suisse déplore l'expulsion de Tunisie d'un membre du comité exécutif de la section suisse d'Amnesty International (AI) et demande des explications.

Ce militant suisse de l’organisation de défense des droits de l’homme avait été interpellé dimanche par la police alors qu’il assistait à une assemblée de la section tunisienne d’AI.

«J’ai eu peur», a raconté lundi aux médias Yves Steiner au lendemain de son expulsion musclée. Arrivé vendredi à Tunis pour l’assemblée générale d’AI de ce pays, il a été arrêté et malmené dimanche par la police.

Il a ensuite été mis dans un avion pour Paris. Le ministère suisse des Affaires étrangères (DFAE) précise que l’ambassadeur de Suisse en Tunisie, Peter von Graffenried, n’a même pas pu le rencontrer. Détenu au secret à l’aéroport, Yves Steiner n’a pu informer par SMS de son départ qu’au moment d’embarquer dans l’avion.

Berne déplore les faits

Amnesty International (AI) a condamné l’expulsion d’Yves Steiner, membre du comité exécutif de sa section suisse, demandant une prise position «très ferme» de la Confédération.

Ce qui est fait. Une porte-parole du DFAE a indiqué à swissinfo que la Suisse «déplore l’intervention policière manifestement disproportionnée des autorités tunisiennes».

Faute de pouvoir s’adresser à l’ambassadeur de Tunisie en Suisse, rappelé à Tunis voici quelques mois, les autorités suisses ont demandé au chargé d’affaires tunisien à Berne de fournir des explications sur cette affaire.

Aucune explication

Yves Steiner, qui en était à son quatrième voyage en Tunisie, a raconté qu’il a été battu. Mais c’est surtout la violence psychologique qui l’a marqué.

Il affirme qu’après une première tentative d’arrestation à son hôtel, 40 à 50 policiers supplémentaires sont arrivés pour l’embarquer et l’emmener sans explications dans «des petites rues».

Les autorités n’ont donné aucune explication officielle à leur action. Pour Amnesty, la participation d’Yves Steiner au Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) de novembre 2005 constitue la vraie raison de son arrestation. Sa nationalité suisse est le deuxième motif de la colère de Tunis.

Répression systématique

Amnesty International a rappelé que Tunis avait «très mal apprécié» les propos fermes tenus à cette occasion par le président de la Confédération, Samuel Schmid, sur le respect des droits humains.

Le secrétaire général d’AI-Suisse Daniel Bolomey a souligné «le contexte de répression systématique de la société civile tunisienne». A ses yeux, cette expulsion est «un retour de flammes» après le Sommet de Tunis.

Il a également rappelé que la ligue tunisienne des droits de l’Homme et des avocats sont l’objet de menaces et de tracasseries.

Cela alors que la Tunisie a été élue au nouveau Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, où la Suisse siège également. Daniel Bolomey a indiqué que les membres de ce Conseil devaient entreprendre «un travail d’introspection» sur ce qui se passe chez eux.

Lundi, la porte-parole du DFAE a encore déclaré que «la Suisse demeure attentive à l’évolution des droits humains en Tunisie».

swissinfo et les agences

– Les relations entre la Suisse et la Tunisie ont été marquées par le traitement réservé à la délégation suisse au Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) en 2005 à Tunis.

– La Tunisie avait alors émis des critiques contre deux membres du gouvernement, dont le président de la Confédération Samuel Schmid, pour avoir défendu officiellement le respect des droits humains.

– Tunis avait également critiqué la rencontre entre la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey et quatre militants tunisiens des droits humains, en décembre à Berne.

– Dans son rapport 2006, AI signale des cas de torture et le fait que des centaines de personnes sont détenues pour raisons politiques.

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