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Fuites de capitaux: Pékin serre la vis sur les échanges de devises

Le yuan chinois évolue au plus bas depuis huit ans face au dollar. Il a perdu environ 7% en l'espace d'un an (archives). KEYSTONE/EPA/WU HONG sda-ats

(Keystone-ATS) La Chine va encore serrer davantage la vis sur les échanges de devises réalisés par les particuliers. Elle entend ainsi freiner les colossales fuites de capitaux hors du pays, sur fond de vive dépréciation du yuan.

Les particuliers désirant convertir leurs yuans en devises étrangères devront désormais fournir davantage d’informations détaillées à leur banque. Ils devront notamment s’expliquer sur les fonds concernés en plus de leurs papiers d’identité, a indiqué samedi l’agence d’Etat supervisant le marché des changes (SAFE).

Les particuliers peuvent convertir chaque année jusqu’à l’équivalent de 50’000 dollars (près de 51’000 francs), un montant maximal qui ne changera pas, a-t-elle précisé sur son site internet.

Selon elle, “en comblant les lacunes de la supervision”, le nouveau durcissement des contrôles doit précisément empêcher les manoeuvres pour contourner ce quota.

Lutte contre le “blanchiment”

L’idée est de “combattre les transactions illégales, blanchiment d’argent et banques clandestines”, a martelé la SAFE, assurant qu’elle “multiplierait les contrôles aléatoires et durcirait ses sanctions”. Les banques sont, elles, tenues de vérifier l’authenticité des informations fournies.

Par ailleurs, les établissements financiers seront sommés, à partir de juillet, de signaler à la banque centrale chinoise (PBOC) tout transfert international dépassant 200’000 yuans (29’300 francs), afin de lutter contrer “le blanchiment”, a annoncé vendredi l’institution.

Mais ces contrôles accrus s’inscrivent surtout dans le vaste arsenal de mesures déployées par le régime communiste pour juguler une colossale hémorragie de capitaux hors de Chine.

Un milliard de dollars envolés

Environ 1000 milliards de dollars se sont envolés de Chine en 2015. Ces fuites massives se sont poursuivies l’an dernier, pour atteindre 690 milliards de dollars sur les dix premiers mois de 2016, selon des estimations de Bloomberg Intelligence.

L’essoufflement de l’économie du géant asiatique, la faiblesse du yuan et la remontée prochaine des taux directeurs aux Etats-Unis (ce qui rend plus attractifs les actifs libellés en dollars) se combinent pour inciter les épargnants à placer leur argent dans d’autres devises. Avec pour résultat d’exercer une formidable pression à la baisse sur le yuan, qui évolue désormais au plus bas depuis huit ans face au dollar après avoir lâché 7% en un an.

Cette dépréciation affole les épargnants et les incite encore davantage à transférer leurs capitaux vers des placements jugés plus sûrs et rémunérateurs à l’étranger. De son côté, Pékin s’efforce de soutenir sa devise en rachetant des yuans, en puisant dans les réserves de devises étrangères de la Chine: ces dernières ont chuté de près de 70 milliards de dollars en novembre.

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