Des perspectives suisses en 10 langues

“L’audition” de Lisa Gerig remporte le Prix de Soleure

(Keystone-ATS) Le Prix de Soleure a été décerné mercredi soir au documentaire “L’audition” de Lisa Gerig. “De vrais Suisses” de Luka Popadić reçoit le Prix du public. Le public a encore choisi “2720” comme meilleur court-métrage et “Crevette” comme meilleur film d’animation.

“L’audition” remporte le Prix de Soleure et donc le prix du cinéma le mieux doté de Suisse avec 60’000 francs. La réalisatrice de 33 ans, née à Morges (VD), raconte l’histoire de deux demandeurs d’asile déboutés qui revivent de manière fictive leur audition par des fonctionnaires du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM).

“Vous êtes soumis à l’obligation de collaborer”, déclare le premier enquêteur en ouvrant l’entretien. “Ce n’est que si vous faites des déclarations complètes et conformes à la vérité qu’il nous sera possible d’examiner votre demande d’asile”, explique l’enquêteur lors de l’entretien suivant.

Les demandeurs d’asile, originaires du Nigeria, du Cameroun, d’Afghanistan et d’Inde, commencent alors à raconter leur histoire. Dans son film, Lisa Gerig pénètre au cœur, méconnu, du système d’asile.

La réalisatrice, formée à Zurich et Genève, signe avec “L’audition” son premier long-métrage documentaire, également candidat au titre de meilleur documentaire pour un Quartz, le Prix du cinéma suisse 2024. Elle a fait des recherches sur la procédure d’asile pendant quatre ans, apprend-on dans la WochenZeitung, avec comme point de départ une citation tirée des “Entretiens sur les réfugiés” de Bertolt Brecht: “Le passeport est la partie la plus noble d’un être humain”.

Des “vrais Suisses” dans l’armée

Le Prix du public, assorti de 20’000 francs, est décerné cette année à “Des vrais Suisses” de Luka Popadić, 43 ans. Dans son documentaire, le cinéaste et capitaine de l’armée suisse regarde la “grande muette” à travers les yeux de Saâd, Thuruban, Andrija et de lui-même: des officiers suisses d’origine serbe, sri-lankaise et tunisienne.

“Es-tu musulman ou végétarien?” Cette question est posée lors de l’entrée en caserne. La personne interrogée répond et les cases sont cochées sur la liste de présence. La procédure est depuis longtemps devenue une routine: dans l’armée suisse, des personnes de cultures différentes servent et la cohabitation s’organise. Le film a été coproduit par la RTS et la SRF.

Un prix pour Basil Da Cunha

Le prix du meilleur court-métrage de 10’000 francs revient à “2720” de Basil Da Cunha. Une fillette de sept ans vit dans le quartier de Reboleira à Lisbonne et tente de retrouver son frère aîné disparu après une descente de police.

Son long-métrage “Manga d’terra”, son troisième film, tourné dans le même quartier, et aussi projeté à Soleure, avait concouru en compétition internationale à Locarno l’été dernier. Comme Lisa Gerig, le réalisateur de nationalité suisse et portugaise, 38 ans, est né à Morges.

Une crevette qui fait peur

Le prix du meilleur film d’animation, assorti de 10’000 francs, revient à “Crevette” d’Elina Huber, Noémi Knobil de Lausanne, Jill Vágner et Sven Bachmann, des élèves en bachelor animation de la Haute école lucernoise (HSLU), tous nés en 2000. Ce court-métrage en 2D, et co-produit par la SRF, a aussi été sélectionné pour le prix du cinéma suisse dans la catégorie “Meilleur film de fin d’études”.

Jeanie découvre dans son frigo gelé la “crevette” qui donne son titre au film. L’animal se transforme sous les yeux de la jeune femme un embryon humain, un symbole sa peur inconsciente de tomber enceinte.

Les 59e Journées de Soleure se terminent sur cette remise de prix. Pendant une semaine, les cinéphiles ont pu découvrir près de 200 films toutes catégories confondues.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision