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A la recherche des voitures perdues de l’Orient-Express

Certaines rames du célèbre Orient-Express circulent encore entre Londres et Venise. KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN sda-ats

(Keystone-ATS) La SNCF a retrouvé des wagons du célèbre Orient-Express tombés dans l’oubli sur une voie de garage à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. La compagnie française les a rachetés et rapatriés en France.

« Ca a pris trois ans pour les ramener », raconte l’historien Arthur Mettetal, responsable du patrimoine chez Orient-Express, filiale de la SNCF, propriétaire de la marque, et d’Accor, qui a redécouvert les précieuses voitures.

A la disparition de l’Orient-Express historique (Paris-Istanbul) en 1977, deux entrepreneurs fous de trains en rachètent des voitures pour poursuivre l’aventure. L’Américain James Sherwood fonde ainsi le Venice-Simplon-Orient-Express, désormais exploité par le groupe Belmond – qui vient d’être racheté par le géant du luxe LVMH – entre Calais, Paris, Vérone et Venise.

Le voyagiste suisse Albert Glatt met de son côté sur les rails un Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, qui sombrera en tentant d’aller jusqu’à Tokyo par les voies du Transsibérien. Ce dernier train était tombé dans l’oubli, jusqu’à ce qu’Arthur Mettetal ne parte à sa recherche.

Retrouvé à « Malaszewicze »

Il s’agissait au début surtout de faire un inventaire des voitures de la Compagnie internationale des wagons-lits pour sa thèse, explique-t-il. « Il en reste une centaine! « 

Des recherches documentaires, des discussions avec des passionnés, des échanges avec des anciens de la Compagnie des wagons-lits et une providentielle vidéo sur YouTube lui ont permis de localiser le fameux « train Glatt » dans une localité polonaise appelée Malaszewicze

« Il y a plusieurs endroits qui s’appellent comme ça en Pologne », relève l’historien. Ses recherches finissent par payer: il retrouve début 2016 un convoi de treize voitures qui semblait correspondre sur une zone de transbordement à la frontière biélorusse, un endroit où l’écartement des voies change.

En bon état

« On est allé voir et on est tombé dessus », jubile-t-il. Ces voitures étaient dans un état étonnamment bon. « Aucun tag, très peu de dégradations. Il y a eu des vols de cuivre, mais les panneaux de verre Lalique, qui sont pourtant facilement démontables, étaient intacts. »

Ont suivi des négociations passionnées avec le propriétaire allemand, dont la rame était immobilisée là depuis 2008. Orient-Express a fini par racheter le train en juillet dernier -pour « quelques millions d’euros », selon le patron de la SNCF Guillaume Pepy.

Les précieux wagons ont été depuis acheminés -par la route- à Clermont-Ferrand, pour être examinés. Trois autres voitures ayant été récupérées chez le même propriétaire, Orient-Express en a donc acquis seize, détaille Arthur Mettetal: neuf voitures-lits, quatre salons, une voiture-douche et deux fourgons.

A nouveau sur les rails?

« On étudie aujourd’hui les différentes pistes possibles pour l’avenir de cette rame », dit-il, prudent: « Une rame patrimoniale, une rame commerciale, un mix des deux, un musée… » Au-delà de la simple restauration, une adaptation au confort contemporain pourrait en effet coûter très cher.

Si Guillaume Pepy ne cache pas son « envie » de refaire rouler l’Orient-Express, aucune décision n’a encore été prise. « Il faut d’abord faire le diagnostic de l’état des voitures pour regarder dans quelles conditions elles pourraient à nouveau rouler, dans quelles conditions elles pourraient être conformes aux spécifications de sécurité en vigueur dans toute l’Europe », souligne-t-il.

« C’est ce travail technique qu’on est en train de faire, et j’espère qu’on pourra prendre une décision positive cet été. »

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