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Asean: progrès vers un accord de libre-échange avec Pékin

A eux seuls, cinq pays d'Asie (Chine, Indonésie, Philippines, Vietnam et Thaïlande) sont responsables de plus de la moitié des huit millions de tonnes de plastique rejetées tous les ans dans les océans, selon un rapport de 2017 de l'ONG Ocean Conservancy. KEYSTONE/EPA/DIEGO AZUBEL sda-ats

(Keystone-ATS) Les dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), réunis en sommet ce week-end à Bangkok, ont avancé sur un projet d’accord de libre-échange promu par Pékin. Il associerait seize Etats de la région Asie-Pacifique, et serait bouclé fin 2019.

“L’Asean doit travailler main dans la main dans les négociations sur le RCEP, afin qu’il puisse aboutir cette année”, a déclaré dimanche le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-O-Cha lors de la conférence de presse finale. Un calendrier confirmé dans la déclaration finale du sommet.

“Le vent du protectionnisme met à mal notre système commercial basé sur le multilatéralisme”, a-t-il martelé, dans une allusion à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. La déclaration finale s’inquiète du “protectionnisme et de l’hostilité anti-globalisation”.

Lancé dès 2012 mais peinant jusqu’ici à avancer, le Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son acronyme anglais) renforcerait l’influence de Pékin en Asie. Ce partenariat doit en effet inclure, outre l’Asean et la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, soit la moitié de la population du globe. Cela en ferait le plus grand accord commercial au monde.

Initiative alternative

Le président chinois Xi Jinping participera au prochain sommet de l’Asean prévu en novembre en Thaïlande, avec le RCEP comme un des principaux dossiers au menu des négociations. La décision de Donald Trump en janvier 2017 de retirer les Etats-Unis d’un projet concurrent de Traité de libre-échange transpacifique (TPP) a joué en faveur du RCEP.

Pékin s’était alors engouffré dans la brèche pour relancer son initiative alternative, qui doit notamment réduire les barrières douanières dans la région et faciliter les investissements dans les pays les moins développés du bloc.

Mais l’accord bute jusqu’ici sur un certain nombre de points. Australie et Nouvelle-Zélande veulent que l’accord inclue un renforcement du droit du travail, de la protection de l’environnement, mais aussi de la propriété intellectuelle, alors que de nombreux pays de la zone sont peu soucieux de cette question.

Quant à l’Inde, elle redoute que le RCEP se traduise par un afflux de marchandises chinoises sur son territoire. C’est donc entre la Chine et l’Inde que la négociation restera la plus difficile, témoigne un diplomate de l’Asean ayant pris part aux négociations de ce week-end.

Mer de Chine

L’Asean (qui regroupe Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge) est le 5e bloc économique mondial, derrière l’Union européenne, les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Elle représente 9% de la population mondiale, soit près de 650 millions d’habitants.

Les différends en mer de Chine méridionale, où Chinois et Américains se livrent une lutte d’influence, et la situation des musulmans rohingyas, qui ont par centaines de milliers fui les persécutions de l’armée birmane pour se réfugier au Bangladesh, ont aussi été à l’ordre du jour du sommet de ce week-end.

L’Asean a insisté dans sa déclaration finale sur son “soutien” à la Birmanie, assurant être prête à aider son Etat membre quand les conditions seront réunies pour un rapatriement des Rohingyas, sur lequel les ONG sont sceptiques.

Les pays de l’Asean, qui comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète, se sont aussi accordés ce week-end sur une “Déclaration de Bangkok sur la lutte contre la pollution maritime”, une première pour l’organisation.

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