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Athéna fête Bernard Tschumi

Keystone

Le Nouveau Musée de l'Acropole à Athènes sera inauguré samedi, en présence notamment du ministre suisse Pascal Couchepin. L'architecte lausannois Bernard Tschumi signe cet édifice construit sur pilotis directement sur un site de fouilles archéologiques.

Epuré, élégant, le nouveau musée étend ses lignes horizontales au pied de l’Acropole, juste sous le temple du Parthénon. Le bâtiment comprend trois plateaux, «une base, un milieu, un chapiteau», explique le franco-suisse Bernard Tschumi à l’ATS.

«Il se veut minimaliste et contemporain», ajoute l’architecte. «Il fallait mettre en scène les sculptures, sans entrer en compétition avec elles.» Très présent, le verre permet d’accueillir un maximum de lumière naturelle.

La structure est en béton «sablé, donc très mat». «Les sculptures reflètent la lumière, le béton l’absorbe, ce qui fait que les sculptures sont très visibles et très belles», se réjouit Bernard Tschumi.

Un ministre heureux

Le conseiller fédéral Pascal Couchepin, ministre de l’Intérieur, se réjouit tout particulièrement que l’un de ses derniers voyages officiels ait lieu en Grèce, sur le terrain culturel, et avec une dimension helvétique grâce à la nationalité de l’architecte, a-t-il déclaré à swissinfo.ch.

Samedi, pour l’inauguration de ce ‘bijou’, selon les mots du ministre grec de la Culture, Antonis Samaras – un bijou de 25’000 mètres carré et qui aura coûté la somme de 130 millions d’Euros – c’est une bonne vingtaine de pays européens et méditerranéens qui seront représentés par leurs chefs d’Etat ou de gouvernement.

L’autre moitié de la frise

Le joyau du musée, l’illustre frise qui ornait le Parthénon, trouve son écrin dans une «boîte en verre». Celle-ci repose de manière décalée au-dessus des deux étages inférieurs du bâtiment.

«La frise raconte une histoire. L’idée était de la reconstituer dans sa composition originelle, telle qu’elle avait été écrite», précise Bernard Tschumi.

Sauf que seule la moitié de la frise est restée en mains grecques. Le reste se trouve toujours au British Museum de Londres, même si la Grèce en demande la restitution depuis les années 1960, selon l’architecte. Mais pour l’instant, Athènes n’a obtenu que des répliques en plâtre.

«Par respect pour le visiteur, nous avons comblé les espaces vides avec ces plâtres», raconte M. Tschumi. «On voit très bien la différence entre les blocs originaux, avec la patine du marbre, jaunâtre, parfois noirâtre, et les répliques toutes blanches.»

Bernard Tschumi reste philosophe sur la question de la restitution de la frise par l’Angleterre: «Les gens du British Museum ont une vision très ’19e siècle’ du problème», dit-il. «Ils trouvent que c’est formidable de pouvoir ainsi comparer chez eux les styles des cultures différentes.»

Chaleur et tremblements de terre

Deux grands défis techniques se posaient: la chaleur dans un bâtiment vitré, et le risque sismique très prononcé en Grèce. Pour le verre, un système pointilliste permet de filtrer la lumière sans en altérer la couleur, explique M. Tschumi. «Des petits points noirs
freinent la lumière, qui reste tout à fait pure.»

Pas de grand musée sans climatisation, souligne encore l’architecte. Mais ici il s’agit d’une technique de circulation et de recyclage de l’air. «C’est un bâtiment à haute qualité environnementale.»

Un roulement à billes entre le rez et le reste du bâtiment permet des déplacements sans qu’il y ait de trop fortes tensions structurelles. Ce système antisismique est une des techniques les plus avancées qu’il y ait en Californie et au Japon, selon M. Tschumi. «Je crois que nous sommes le premier bâtiment en Grèce à l’utiliser.»

Une année d’installation

Plus de trois ans de polémiques – politiques, archéologiques et de voisinage – ont précédé le début des travaux en 2005, raconte Bernard Tschumi. Mais le chantier s’est bien déroulé par la suite. L’année 2008 a été consacrée à l’installation des sculptures, opération délicate en raison de la fragilité des objets.

Le bureau de Bernard Tschumi a conçu le projet avec l’architecte local Michael Photiadis. Le coût global, 130 millions d’euros (près de 200 millions de francs), a été cofinancé par la Grèce et par le Fonds européen de développement régional.

Antoinette Prince, ATS et swissinfo.ch

1944: Naissance à Lausanne.

1969: Diplôme d’architecture de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

1970-1981: Enseigne l’architecture en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (Université de Princeton).

Depuis 1982: Dirige l’agence Bernard Tschumi Architects, avec des bureaux à New York et à Paris.

Quelques réalisations:

Paris: Parc de La Villette, 1982

Genève: Siège international Vacheron Constantin, 2004

Lausanne: Ecole cantonale d’art de Lausanne, 2007

Lausanne: Nouvelle gare du Flon (M2), 2008

New York: Blue Tower, 2009

Symbole. L’Acropole d’Athènes et ses monuments sont le symbole universel de l’esprit et de la civilisation classiques, et forment le plus extraordinaire ensemble architectural et artistique légué par la Grèce antique au reste du monde.

Victoire. Dans la seconde moitié du Ve siècle avant JC, Athènes, suite à sa victoire sur les Perses et à l’établissement de la démocratie, prit un ascendant sur les autres Cités-États du monde antique.

Périclès. Durant cette période, alors que l’art et la pensée florissaient, un groupe exceptionnel d’artistes mit en œuvre les plans ambitieux de Périclès, homme d’État athénien, et transforma, sous la direction éclairée du sculpteur Phéidias, la colline rocheuse en un monument unique d’esprit et d’arts.

Parthénon. Les principaux monuments furent érigés à cette époque: le Parthénon, construit par Ictinus, l’Érechthéion, les Propylées, l’entrée monumentale de l’Acropole, dessinés par Mnesiclès et le petit temple d’Athéna Nikê.

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