Avenir suisse relance le débat sur les privatisations

(Keystone-ATS) Avenir Suisse relance le débat sur les privatisations. Le laboratoire d’idées libérales estime qu’elles doivent être réalisées en priorité dans le domaine de la finance, des télécommunications et de l’informatique.
Il faut privatiser en priorité là où des risques financiers existent pour les contribuables et où les tâches peuvent être mieux accomplies par des acteurs privés que par des entreprises publiques, selon le « programme de privatisations pour la Suisse » d’Avenir suisse présenté lundi à la presse. Le document est intitulé « Le mythe de la poule aux oeufs d’or ».
Des entreprises aux mains de l’Etat ont fait d’énormes pertes ces dernières années. Avenir suisse cite les groupes énergétiques, Axpo notamment, qui ont investi des milliards dans des installations qui doivent aujourd’hui être amorties en raison de la chute du prix de l’électricité. Ou encore Swisscom avec des acquisitions coûteuses à l’étranger qui ont dû être revendues à bas prix.
Résultat, la capitalisation boursière de ces entreprises a chuté. Le groupe énergétique Alpiq a ainsi vu sa valeur diminuer de 70%, de 10 milliards de francs à 2,9 milliards, selon Avenir suisse. BKW, qui appartient à 52,5% au canton de Berne, a vu sa capitalisation boursière reculer de 2,9 milliards.
Banques cantonales
Les banques cantonales sont aussi dans le collimateur du laboratoire d’idées libérales. La crise immobilière des années 1990 a coûté des milliards aux cantons, dont certains ont privatisé partiellement ou complètement leur institut bancaire.
« Il n’y a plus aujourd’hui de raisons convaincantes pour lesquelles la collectivité devrait être active dans le domaine financier », écrit Avenir suisse. Les hôpitaux cantonaux devraient aussi être privatisés.
L’Etat devrait se retirer de nombreuses activités et privatiser ses participations. Samuel Rutz, auteur principal de l’étude, cite notamment Swisscom, l’Office fédéral de la métrologie (METAS), Skyguide, et RUAG. L’avantage serait de réduire les risques financiers pour les contribuables et éviter les distorsions de marché.
Dans des domaines « classiques » du service public de la Confédération, l’ouverture du marché « s’est arrêtée à mi-chemin », qu’il s’agisse de La Poste ou des télécommunications avec Swisscom, constate Avenir Suisse. Pour les CFF, la boîte à idées de l’économie suisse est favorable à une intensification de la concurrence entre trains et bus.
SUVA, haras national et SSR
Il existe de nombreux autres candidats qui devraient sortir du giron de l’Etat (Confédération et cantons), mais leur privatisation soulève des questions réglementaires, notamment la SUVA, le haras national ou encore les médias électroniques. Dans ce dernier domaine, constate Avenir suisse, le Conseil fédéral n’est pas prêt à de vraies réformes et ne souhaite pas imposer à la SSR des limitations sur les marchés de la TV et d’internet.
Les privatisations peuvent générer des milliards de francs de recettes. Il faudrait définir à l’avance ce que l’on fera de cet argent. Avenir suisse évoque le financement de projets concrets, la réduction de la dette, la création d’un fonds souverain et la distribution directe ou indirecte à la population.
En 2012 déjà, Avenir suisse avait publié un plaidoyer en faveur des privatisations, intitulé « Plus de marché pour le service public ». Le laboratoire d’idées libérales ciblait en priorité Swisscom, les groupes électriques et les hôpitaux cantonaux. Pour La Poste, les transports publics et les médias du service public, le think tank libéral prônait alors une privatisation « sur le long terme ».