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La Poste mise sur Postfinance et ses grands clients

La Poste constate que le volume de lettres envoyées a diminué. Keystone

La Poste suisse a vu son bénéfice 2006 augmenter de 26 millions de francs à 837 millions l'an dernier. Ce nouveau record a été établi malgré un recul du volume dans le domaine de l'expédition des lettres.

Dès l’automne, La Poste va améliorer l’encadrement des clients importants. Les prestations liées au trafic électronique gérées par Postfinance restent un des piliers de base du Géant jaune.

Tous les secteurs sont bénéficiaires, «après une longue période de restructurations réussies», s’est réjoui vendredi à Berne le président du conseil d’administration de La Poste Anton Menth en présentant le bilan 2006 du géant jaune.

Il est temps maintenant que La Poste améliore sa capacité d’innovation et se développe de manière durable, a-t-il ajouté.

Pour le directeur du gérant jaune, Ulrich Gygi, La Poste se rapproche de ses objectifs.

Rester prudent

«Nous pouvons financer les investissements prévus par nos propres moyens, améliorer de 683 millions notre réservoir de fonds propres, qui reste toutefois encore insuffisant, consolider notre caisse de pensions et définir des mesures appropriées sur le plan social dans le cadre de la restructuration», a-t-il précisé.

Mais Ulrich Gygi reste prudent. Une étude visant à évaluer les conséquences de la libéralisation pour le marché postal montre cependant à quelle vitesse un bénéfice peut se transformer en déficit, a-t-il averti.

Elle tient compte des spécificités suisses, l’un des marchés les plus denses au monde (700 envois par habitant par année), où le niveau d’exigences du service universel est très élevé et les prix plutôt avantageux.

Les risques d’une libéralisation

Selon l’étude menée par PricewaterhouseCoopers, qui a fait la même pour la Commission européenne, une libéralisation complète, sans limitation du service universel ni suppression des désavantages concurrentiels, conduirait La Poste à des résultats négatifs, à perdre des parts de marché et à réduire ses emplois de
manière substantielle.

Et cela, malgré les restructurations déjà décidées (centralisation du tri et réduction du nombre d’offices).

Révision de la loi

L’étude anticipe la révision complète de la loi sur la poste, attendue cette année. «Seul le maintien d’un monopole résiduel nous permettra d’assurer une desserte de base de la même ampleur qu’aujourd’hui», a prévenu Ulrich Gygi qui laisse le soin aux politiciens d’en fixer les contours.

L’entreprise devrait devenir une SA, comme le prévoit le gouvernement. Son personnel devrait être assujetti au code des obligations, avec des conditions de travail équivalentes dans toute la branche, si possible réglées par des conventions collectives de travail sectorielles.

Grands clients et Postfinance

Et surtout PostFinance devrait pouvoir accéder au marché des crédits hypothécaires et commerciaux, a ajouté Ulrich Gygi.

La Poste veut en tous les cas améliorer sa position en matière de développement durable, en regroupant au 1er octobre 2007 au sein de la nouvelle unité du groupe « Solutions entreprises » l’encadrement des clients importants et les prestations, pour la plupart électroniques, qui étaient gérées de manière décentralisée jusqu’à présent.

Les prestations liées au trafic électronique des paiements ne seront pas intégrées à cette nouvelle entité: elles continueront à être placées sous la direction de PostFinance qui en assurera toujours le développement.

La Poste va aussi tenter de trouver de nouveaux créneaux, encore plus ciblés. Le directeur du géant jaune souhaite ainsi participer à l’introduction de la carte de santé électronique. La Poste est en effet depuis l’automne dernier un organe de certification reconnu de la signature électronique et peut donc garantir la protection de ces données délicates.

Avec le secret postal et le capital confiance acquis au fil des années, La Poste se dit parfaitement placée pour être l’organe d’enregistrement et d’authentification des clés personnalisées du trafic électronique sécurisé et pour assurer ce trafic sur ses plateformes.

Des réactions diverses

economiesuisse, la principale association faîtière de l’économie helvétique, n’a pas tardé à réagir aux chiffres avancés par La Poste en estimant que le service universel était à nouveau surfinancé.

«Il ignore en particulier les avantages et l’utilité économique que la Poste retire de sa position actuelle dominante. Pour les concurrents potentiels, l’infrastructure développée par le monopole – et ses nombreux effets de synergie – est un obstacle non négligeable à l’accès au marché», écrit economiesuisse dans un communiqué publié sur son site internet.

«En outre, les conclusions d’une étude publiée il y a un an par economiesuisse restent valables: le service universel est et reste assuré, sur le plan financier, en cas d’ouverture du marché.»

De son côté, le syndicat de la communication félicite La Poste Suisse pour son bon résultat.

«Les bénéfices élevés engrangés par La Poste ces dernières années prouvent que les conditions de travail réglées dans la convention collective de travail ne l’empêchent pas de fournir des prestations efficaces et adaptées au marché», estime le syndicat.

swissinfo et les agences

– Produit d’exploitation: SFr7895 milliards de francs (+5% par rapport à 2005)
– Bénéfice: SFr837 millions (SFr811 millions en 2005)
– Nombre d’employés de La Poste: 42’178(41,073 en 2005)
– La Poste suisse a délivré 2,76 milliards de lettres en 2006 contre 2.81 milliards l’année précédente.

L’histoire de La Poste sous sa forme actuelle commence en 1995, quand le gouvernement décide de séparer les PTT (Poste Téléphone Télégraphe) en deux unités distinctes: La Poste et Telecom PTT (aujourd’hui Swisscom).

La réforme entre en vigueur le premier janvier 1998.

En janvier 2001, La Poste annonce un premier plan de restructuration, qui prévoit la réduction des offices postaux de 3390 à 2500 pour une économie annuelle de 100 millions de francs.

En mai 2003, La Poste annonce que la distribution des lettres se fera via trois centres de tri et six centres secondaires. 2390 emplois à temps complet sont supprimés.

En mai 2006, le gouvernement a envisagé une libéralisation totale du marché postal mais avec des garde-fous.

Le 15 décembre 2006, La Poste a trouvé un accord avec les partenaires sociaux pour mettre en œuvre le projet de restructuration du géant jaune, Ymago, sans licenciements.

Pour mémoire, Ymago vise à améliorer le service à la clientèle et la rentabilité du réseau tout en assurant la desserte de base sur tout le territoire. Les offices de poste dit principaux assureront le travail administratif des succursales, afin de décharger le personnel de ces dernières.

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