Aujourd’hui en Suisse
Chers abonnés,
Le psychodrame national suscité par l’accès aux stations de ski scandalise la presse européenne. Une affaire qui m’a remis en mémoire un vieux rapport du Conseil fédéral sur l’image de la Suisse dans les années 1960: «C'est ainsi que le Suisse passe pour être matérialiste, aimant l'argent et le confort, ne s'intéressant que de très loin aux choses de l'esprit et faisant preuve d'étroitesse de vue et de mesquinerie. A cela, il faut ajouter un certain contentement de soi qui, toujours selon l'étranger, lui donne une assurance pouvant aller jusqu'à l'outrecuidance et un esprit pédant.»
La Suisse a pourtant changé. Ou bien ?
Bon week-end,
C’est le psychodrame national sur le front du coronavirus en cette fin d’année 2020. Le Conseil fédéral a décidé vendredi dans un contexte émotionnel d’une rare intensité de ne pas limiter le nombre de visiteurs sur les pistes de ski suisses à Noël.
Jeudi, le Conseil national (Chambre basse du Parlement) avait adopté une déclaration pour empêcher le gouvernement de «céder à la pression» de ses voisins. Alors que la France, l’Italie et l’Allemagne se sont mises d’accord pour fermer leurs stations de ski, la majorité de droite du Parlement et les cantons alpins ont donc eu gain de cause face à la volonté du ministre socialiste de la Santé Alain Berset de durcir les conditions d’accès aux pistes de ski.
Seules quelques restrictions ont été adoptées vendredi par le Conseil fédéral. Dans les télécabines et autres moyens de transport fermés, deux tiers seulement des places pourront être occupées. Les domaines skiables ne pourront ouvrir qu’avec une autorisation cantonale à partir du 22 décembre, pour autant que la situation épidémiologique le permette. Le masque sera obligatoire sur toutes les remontées mécaniques.
Ce léger tour de vis intervient alors que la situation épidémiologique devient à nouveau préoccupante en Suisse, comme l’a souligné vendredi Alain Berset devant la presse. «Pour la première fois depuis un mois, nous avons aujourd’hui plus de cas positifs que le même jour de la semaine précédente. Nous observons une stabilisation de la pandémie à un niveau très élevé, avec le risque qu’elle reparte à la hausse», a prévenu le ministre de la Santé.
La question du ski à Noël est devenue en peu de temps un enjeu central de politique intérieure, commente lematin.ch. «Quand arrivera la prochaine vague de l’épidémie, chacun se renverra la balle sur ce qui l’aura provoquée. Mais, qu’importe, d’ici là on se sera bien amusé en station durant les Fêtes», souligne, amer le site d’information romand.
- Du pain, des jeux et le retour du bétonLien externe, l’éditorial du matin.ch
- Un «power play» indécentLien externe, l’éditorial du Temps
- Notre article sur la situation du coronavirus en Suisse
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Skier à Noël, l’obstination suisse qui horrifie la presse européenneLien externe (Le Temps/abonnés)
C’est l’une des femmes les plus puissantes de l’industrie allemande. Elle s’appelle Renata Jungo Brüngger, née à Fribourg en 1961. Ma consœur Petra Krimphove l’a rencontrée à Berlin.
Renata Jungo Brüngger siège au conseil d’administration de Daimler, l’une des plus grandes entreprises automobiles du monde. Mais seuls les spécialistes de la branche la connaissent.
Son job? «Si je devais résumer mon travail,je dirais qu’il consiste à gérer des risques. En tant que juriste au sein du conseil d’administration, je suis responsable de l’intégrité et des affaires juridiques», répond-elle à Petra.
S’en suit une interview où l’on mesure l’immensité de la tâche et des responsabilités, tout comme l’expérience acquise.
- Une Suissesse discrète au sommet d’une multinationale (swissinfo.ch)
À Bellinzone au Tessin, le Tribunal pénal fédéral juge un Libérien accusé de crimes de guerre. C’est la première fois que les atrocités commises lors des deux guerres civiles libériennes sont en procès.
C’est aussi une première en Suisse depuis que le Ministère public de la Confédération a la compétence d’instruire les enquêtes sur les crimes internationaux. L’accusé, Alieu Kosiah, est un ancien commandant, selon l’acte d’accusation, du groupe «Zebra», qui sévissait durant les années 90, au nord-ouest du Libéria, aux confins de la Guinée et de la Sierra Leone, une région disputée pour ses gisements de diamants.
La partie civile constituée de divers témoins des crimes de guerre dont serait responsable l’accusé n’a pu faire le voyage pour participer au procès, covid oblige. C’est l’un des obstacles apparus tout au long de l’instruction de ce procès hors normes reporté à plusieurs reprises. Le tribunal de Bellinzone s’est donc lancé cette semaine, la suite du procès devant se poursuivre l’année prochaine.
La Suisse trouve ainsi l’occasion de matérialiser son engagement légal dans la poursuite des crimes de guerre et la compétence universelle qui y est rattachée.
- Ouverture en Suisse d’un procès historique pour crimes de guerre (swissinfo.ch)
- Le procès d’Alieu Kosiah n’attendra pas les plaignantsLien externe (Le Temps)
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Le procès du Libérien Alieu Kosiah s’ouvre en Suisse (JusticeInfo.netLien externe)
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Pourquoi le bureau suisse des crimes de guerre traîne les pieds (swissinfo.ch)
Des diplomates, des banquiers, des espions et des humanitaires se côtoyant dans une ville suisse, c’est le cadre inspirant qu’offre Genève aux réalisateurs de série. En témoigne «Cellule de crise», une coproduction de la RTS visible actuellement en Suisse.
C’est une promotion maison, swissinfo.ch faisant partie de la même organisation que la RTS, soit l’audiovisuel public helvétique, la SSR. Une promotion aisée, tant les 6 épisodes de la série sont haletants.
Pitch: l’élection d’une femme à la tête d’une influente agence humanitaire coïncide avec l’enlèvement, au Yémen, d’un jeune délégué et d’une dizaine de collaborateurs de l’organisation.
Réalisé par le cinéaste Jacob Berger, «Cellule de crise» déroule son récit au cœur de ladite Genève internationale pour montrer une action humanitaire évoluant au milieu d’une bande d’affreux jojos. L’idéalisme confronté aux réalités de la guerre, autrement dit. L’idée originale vient en effet de trois connaisseurs. L’ ancien collaborateur du CICR Jean-François Berger, le producteur de l’émission «Histoire vivante» Jean Leclerc et Pierre Hazan, ancien reporter et professeur en droit international humanitaire, notamment.
C’est la deuxième fois que la RTS produit une série tirée de l’écosystème genevois. La première s’intitulait Quartier des banques, forcément. Encore peu exploité, le filon a néanmoins inspiré quelques créateurs dans le passé notamment Jean-Luc Godard pour son film Le Petit Soldat sur la guerre d’Algérie. Durant la première moitié du 20e siècle, Genève est le théâtre de plusieurs romans comme en 1928 The Death of a Diplomat de Peter Oldfeld, le pseudo d’un délégué suédois à la Société des Nations. Outre cet ouvrage qui donnera lieu à un film muet, le journaliste Nic Ulmi nous fait découvrir d’autres pépites de l’époque sur le site Notre Histoire/L’inédit, sans oublier Belle du seigneur, le livre majeur d’Albert Cohen.
Vous avez dit Genevahood?
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La série Cellule de criseLien externe présentée par la RTS
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La fiche techniqueLien externe de la série
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L’article documentéLien externe de Nic Ulmi
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