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Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices et chers lecteurs,

Le débat sur la double nationalité des membres du Conseil fédéral est relancé en Suisse. Après avoir nié, la candidate à la succession d’Ueli Maurer au gouvernement Michèle Blöchliger a reconnu avoir la nationalité britannique. Comme le rapporte le journal Le Temps, elle avait également omis d’inviter les journalistes francophones à sa conférence de presse, tout en affirmant – en français – qu’il était important de savoir négocier en anglais. Pas sûr que tout cela contribue à augmenter ses chances d’accéder au gouvernement.

Dans cette sélection, nous parlerons aussi de la grève de plus en plus courante en Suisse et du plus important cas de contrebande entre la Suisse et l’Italie.

Bonne lecture,

Keystone/patrick Huerlimann

Première bourde pour la candidate à la succession d’Ueli Maurer au Conseil fédéral. Interrogée par les journaux de Tamedia, Michèle Blöchliger a reconnu avoir la nationalité britannique, alors qu’elle avait démenti l’information de manière véhémente deux jours plus tôt.

«L’anglais est ma deuxième langue maternelle, car ma mère vient d’Angleterre, mais je n’ai pas de passeport britannique. Ce qui est écrit sur ma page Wikipédia n’est pas exact», avait affirmé Michèle Blöchliger lundi, lors de sa conférence de presse pour annoncer sa candidature. Des auteurs appliqués de Wikipédia avaient alors corrigé l’information.

La candidate au Conseil fédéral pour l’UDC s’excuse désormais de s’être exprimée «de manière imprécise et malheureuse» lors de la conférence de presse. «Je tiens à m’excuser auprès de Wikipédia», dit-elle. Elle compte renoncer formellement à sa nationalité britannique pour que «l’affaire soit définitivement close».

Si la candidate souhaite faire oublier l’épisode, ce n’est pas la première fois que la double nationalité des membres du Conseil fédéral, légale en Suisse, suscite la controverse. Le débat avait été lancé lorsque l’actuel ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis avait renoncé à sa nationalité italienne, avant son élection. L’UDC elle-même lutte contre la double nationalité des membres du gouvernement et du Parlement.

Un nouveau candidat s’est lancé dans la course aujourd’hui. L’UDC zurichoise a lancé la candidature d’Hans-Ueli Vogt. Connu notamment pour avoir porté l’initiative populaire sur les «juges étrangers» en 2018, ce professeur de droit commercial a siégé à la Chambre du peuple de 2015 à 2021. Depuis 2015, il affirme publiquement son homosexualité.

© Keystone / Salvatore Di Nolfi

Alors que la semaine est marquée par les grèves en France, en Suisse aussi les syndicats menacent de faire grève dans plusieurs branches. Si la tendance inquiète les milieux libéraux, le recours à la grève reste pourtant 48 fois moins élevé que dans l’Hexagone.

Les Suisses sont d’ordinaire peu enclins à faire la grève, mais les choses sont-elles en train de changer? Grève des Transports publics genevois la semaine dernière, des chauffeurs de taxi cette semaine, menaces de débrayer des pilotes de Swiss, cela correspond à une tendance, explique Christian Koller, historien et directeur des Archives sociales suisses à Zurich.

Le contexte économique pourrait encore accentuer la tendance. Dans de nombreux secteurs, les entreprises recherchent désespérément de la main-d’œuvre. «La pénurie de main-d’œuvre qualifiée place les travailleurs dans une position de négociation plus forte», analyse Christian Koller.

Alors que les syndicats dénoncent des attaques contre les conventions collectives de travail, les milieux économiques accusent les syndicats de radicalisation. «Comme les syndicats perdent de plus en plus de leur importance, ils se montrent de plus en plus radicaux», analyse le directeur du laboratoire d’idées libérales Avenir Suisse Peter Grünenfelder. Ce dernier craint une perte d’attractivité de la place économique suisse.

Une crainte qui ne semble pas correspondre à la réalité. «Les statistiques historiques sur les grèves ne permettent pas d’établir un lien entre le développement économique et le nombre d’épisodes d’arrêt de travail», estime l’historien de l’université de Bâle, Bernhard Degen. L’économie pourrait ainsi être florissante, indépendamment du nombre de grèves.

Keystone / Sandro Campardo

C’est le plus grand cas de contrebande d’or jamais découvert entre l’Italie et la Suisse. Les pistes suisses du procès «Fort Knox» n’ont toutefois jamais été explorées.

Le nom du Suisse P.K., condamné en 2017 en Italie pour avoir dirigé une organisation de contrebandiers, avait fait la Une des journaux en Italie. Le réseau, qui avait écoulé pas moins de 4500 kilos d’or et 11’000 kilos d’argent, avait pu être démantelé. P.K. faisait transiter par le Tessin, où il est établi, les métaux précieux transportés par un réseau d’intermédiaires.

Lorsque le verdict italien est tombé, l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières a finalement décidé de confisquer un compte ouvert à Lugano, au Tessin, et un appartement en Engadine, dans les Grisons. P.K. a fait appel de cette décision, sans succès. Le solde du compte sera donc transféré en Italie et son appartement vendu.

Le mystère autour de l’affaire «Fort Knox», nom emprunté au dépôt d’or de la Réserve fédérale américaine, reste toutefois entier. Une question reste notamment sans réponse: où a fini l’or que P.K. a collecté en Suisse? En Suisse, personne n’a jamais tenté d’enquêter. Les procureurs suisses ont classé le dossier, non sans susciter de vives critiques.

© Keystone / Martial Trezzini

Le refus du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH) de débattre de la situation dans le Xinjiang, en Chine, porte atteinte à la crédibilité de l’organe. Les observateurs et les observatrices constatent que les rapports de force ont changé.

«Il est impossible de voir ce résultat autrement que comme une atteinte à la crédibilité du Conseil des droits de l’homme et des Nations unies», estime Marc Limon, directeur du Universal Rights Group, un groupe de réflexion ayant des bureaux à Genève, New York et Bogota. Il souligne toutefois que le coup n’est pas fatal, puisque le Conseil a également décidé de mandater un rapporteur spécial sur la Russie.

Marc Limon constate qu’un changement des rapports de pouvoir a eu lieu après que les États-Unis ont quitté le CDH sous l’ancien président Donald Trump. «Si l’on parle d’un seul acteur dominant aujourd’hui, c’est la Chine. Suivie de près par les États-Unis, mais ils n’ont tout simplement plus la même influence qu’auparavant», précise-t-il.

Pour les victimes et les groupes de défense des droits humains, le résultat du vote sur la situation au Xinjiang est difficile à accepter. «Il faut que des mesures tangibles soient prises au niveau de l’ONU concernant la Chine. L’impunité n’est pas une solution pour les victimes, pour les survivants, pour les communautés affectées», estime Zumretay Arkin, responsable des programmes et du plaidoyer au World Uyghur Congress.

  • Lire l’article de mon collègue Dorian Burkhalter
  • Le témoignageLien externe d’une femme ouïghoure, qui a passé trois ans dans un camp de «rééducation» chinois sur RTS
  • Notre point fort sur la Genève internationale

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