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Coronavirus: les 27 veulent se prémunir contre une pénurie d’équipements de protection

Pour l'Allemagne, "prendre la température" des passagers ne suffit pas (image d'illustration). KEYSTONE/EPA/ALEX PLAVEVSKI sda-ats

(Keystone-ATS) Les ministres européens de la Santé ont souligné jeudi la nécessité de mieux se coordonner face au nouveau coronavirus et de se prémunir contre des ruptures d’approvisionnement en équipements de protection en provenance de Chine.

Le virus Covid-19, qui a touché plus de 60’000 personnes et fait au moins 1300 morts en Chine, où il est apparu en décembre, affecte 35 personnes dans sept pays de l’UE. Il n’a pas fait de mort pour le moment sur le Vieux continent.

Face à l’épidémie, les pays de l’UE ont chacun adopté leurs propres mesures, en matière de quarantaine, de contrôles des passagers ou de conseils aux voyageurs. Mais dans un espace où la libre circulation des personnes est la règle, ils jugent nécessaire de “renforcer la coordination déjà existante” afin “d’améliorer l’efficacité” des mesures nationales, selon les conclusions adoptées par les ministres à l’issue d’une réunion convoquée en urgence à Bruxelles.

Propos rassurants

La commissaire chargée de la Santé Stella Kyriakides s’est voulue rassurante. “Tous les Etats membres ont des plans d’action et un bon niveau de préparation”, a-t-elle dit lors d’une conférence de presse. Elle a aussi assuré qu’il n’y avait “pas jusqu’à présent de pénurie de médicaments rapportée”.

Plusieurs pays se sont inquiétés d’un tel risque si l’épidémie se prolonge, alors que la Chine est un important producteur de principes actifs, nécessaires à la fabrication de médicaments.

Les laboratoires pharmaceutiques européens disent “suivre de près la situation” pour éviter les ruptures d’approvisionnement. Le Bâlois Novartis a dit disposer d’une série de mesures destinées à limiter les risques de pénuries, dont des stocks de sécurité et un approvisionnement à de multiples sources.

Au Royaume-Uni, où neuf cas ont été détectés, le ministère de la Santé a demandé aux groupes pharmaceutiques de conserver quand c’était possible les stocks qu’ils avaient constitués en prévision de possibles perturbations liées au Brexit.

Indiquant aussi que “près de 50%” des équipements de protection (gants, masques, combinaisons) étaient produits en Chine, Stella Kyriakides a déclaré que le niveau de stocks dans l’UE faisait actuellement l’objet d’une évaluation. La Commission est “prête à lancer une procédure pour des achats groupés”.

Restrictions à la libre-circulation ?

Les conclusions finales, qui listent des engagements généraux, insistent sur la nécessité de “mettre en place des plans et des ressources précis pour apporter les soins appropriés (…) aux porteurs suspectés ou confirmés du Covid-2019, de même que pour toutes mesures supplémentaires (permettant) d’identifier les contacts”.

Cette référence aux personnes ayant été en contact avec un voyageur contaminé a été ajoutée à la demande de l’Allemagne, soutenue par la Roumanie. Le ministre allemand de la Santé Jens Spahn a fait valoir que “prendre la température” des passagers ne suffisait pas.

“On ne peut pas exclure que cette épidémie limitée régionalement devienne une pandémie mondiale”, a-t-il dit. Son homologue tchèque Adam Vojtech n’a pas écarté la possibilité de restrictions futures à la liberté de circulation dans l’espace Schengen, dont la Suisse fait partie.

La situation actuelle ne l’exige pas, mais “si l’épidémie s’aggrave, on entreprendra de nouvelles actions”, y compris une éventuelle fermeture des frontières, a commenté le ministre croate de la Santé Vili Beros, dont le pays assure la présidence de l’UE.

Le bilan explose

La Chine a annoncé jeudi plus de 15’000 contaminations supplémentaires par le coronavirus. L’OMS a assuré que cette augmentation reflétait un changement des méthodes de recensement des personnes atteintes, pas une aggravation notable de l’épidémie.

Dorénavant, les malades “diagnostiquée cliniquement” dans la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, sont aussi comptabilisés. En clair, des patients suspects ayant subi une simple radio pulmonaire pourront désormais être considérés comme des malades “confirmés”. Jusqu’ici, un test d’acide nucléique était indispensable.

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