Coup d’arrêt des exportations horlogères en avril
(Keystone-ATS) Le secteur horloger a été touché de plein fouet par les mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus.
Les exportations de montres ont essuyé une chute vertigineuse en avril par rapport au mois précédent, au cours duquel un repli avait déjà été enregistré, selon les données de la Fédération de l’industrie horlogère (FH) et de l’Administration fédérale des douanes (AFD) publiées mardi.
Au mois d’avril, les exportations horlogères se sont inscrites à 328,8 millions de francs, en baisse de 81,3% par rapport au mois de mars. Tous les groupes de matière ont essuyé des replis, entre 75% et 90% et aussi bien en valeur qu’en nombre de pièces, précise la faîtière dans son relevé mensuel.
Le repli du mois d’avril intervient après des signes annonciateurs. En février, les exportations horlogères avaient ainsi chuté de 9,2%, freinées par la baisse des touristes chinois après l’interdiction des voyages de groupe promulguée par Pékin.
Au mois de mars, les ventes de montres à l’étranger ont chuté d’un cinquième, freinées par les mesures prises pour freiner la propagation de la pandémie, qui ont pesé à la fois sur le tourisme et sur le commerce de détail.
La Chine résiste mieux
Parmi les principaux marchés, les Etats-Unis (-86,4%), le Japon (-85,9%), Hong Kong (-83,2%) et l’Allemagne (-82,1%) ont inscrit les plus fortes baisses en avril. Alors que la Corée du Sud (-68,6%) et surtout la Chine (-16,1%) ont connu une chute de moindre importance. « La Chine a ainsi absorbé un tiers des exportations horlogères suisses le mois passé », relève la FH.
Par segment de prix, les montres supérieures à 3000 francs ont particulièrement souffert, avec une chute de 85,9% en valeur et de 86,1% en nombre de pièces.
La gamme de prix de 500 à 3000 francs a fait un peu mieux, avec respectivement -72,6% et -72% en pièces et en valeur, tout comme celle de 200 à 500 francs avec des chutes de 75,8% et 76,1%. Le nombre de montres de moins de 200 francs exportées a quant à lui chuter de 80,4% et de 75,3% en valeur.
Par matière, les montres bimétalliques ont chuté le plus lourdement, de 90,3% à 28,4 millions de francs. Celles en acier ont essuyé un repli de 77,8% à 148,4 millions tandis que celles en métaux précieux se sont effondrées de 82,1% à 102,4 millions.
« Les détails de cette baisse généralisée ne revêtent pas d’intérêt particulier – à la seule exception de la Chine – dans la mesure où elle reflète un blocage exceptionnel plus qu’une évolution de la demande », a commenté la FH.
Les importations ont moins souffert. Elles ont essuyé une baisse de 45,7% en valeur nominale (réel: -34,6%) à 112 millions de francs, selon les chiffres de l’AFD. Les fournitures d’horlogerie ont chuté de 44,5% en terme réel à 49 millions.
Les prochains mois seront décisifs
Alors que la résilience des exportations horlogères avait positivement surpris lors des mois précédents, cette fois-ci, le secteur a été touché de plein fouet, commente Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Lui-même tablait sur un repli de 50% à 880 millions.
Les données de mai et juin permettront de tirer des conclusions plus solides, estime Goldman Sachs. On pourra alors déterminer si les exportations horlogères ont profité de la reprise de la production et de la réouverture progressive des magasins en Europe et aux Etats-Unis.
A la Bourse, les investisseurs accueillaient ces chiffres avec bonne humeur. Vers 10h10, Swatch prenait +3,4% à 187,55 francs et Richemont +2,2% à 54,68 francs tandis que le SMI avançait de 0,02%.