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Deux Romands adeptes de parcours audacieux

Le corps en question chez Denis Maillefer. Antoine Jacoud

Denis Maillefer et Massimo Furlan signent pour La Bâtie-Festival de Genève deux performances atypiques.

Tandis que le premier se moque des lois esthétisantes qui martyrisent nos corps, le second défie celles da la pesanteur à l’aéroport de Genève.

C’est un assaut lancé contre un empire, celui de la lipophobie. Pas de dégâts néanmoins dans cette attaque atypique. Menée allègrement par six acteurs, elle fait un pied de nez à tous les discours médicaux ou esthétisants que la pub alimente et qui martyrisent nos corps. Ces corps impitoyablement soumis aux impératifs de la perfection physique.

L’auteur de cet assaut est Denis Maillefer, metteur en scène lausannois on ne peut plus pacifique. Du moins le croit-on puisque le titre mélodieux de son spectacle, «Je vous ai apporté un disque», cache une ironie assassine qui traque et tue nos volontés velléitaires.

Cuisses galbées, biceps finement marqués: au XXIe siècle la beauté devient de plus en plus musculeuse. Comment dès lors vivre en paix avec son corps si celui-ci refuse de se soumettre aux diktats d’une société qui marque son dégoût du laid?

Question à laquelle tente de répondre Denis Maillefer au cours d’un spectacle qui s’apparente à une improvisation. Où l’on voit six acteurs dénuder leurs angoisses. Et dire leur crainte d’un corps qui les trahirait par un dysfonctionnement ou par un défaut physique.

Mais dès que leurs mots se mettent en place, leur discours se brouille. Et la musique vient alors suppléer une parole défaillante et un corps qui semble l’être tout autant, avec ses caprices et ses faiblesses.

Comment donc rester désirable dans un monde qui interdit toute violation des lois esthétisantes? En rêvant répond, de son côté, Massimo Furlan.

Furlan joue les Icare

Scénographe, acteur et plasticien, également lausannois, ce dernier a travaillé durant une quinzaine d’années avec Denis Maillefer. Ensemble, ils ont fondé le Théâtre en Flammes, à Lausanne, une des plus intéressantes compagnies romandes.

Aujourd’hui, leurs chemins se séparent. Mais chacun d’eux est opportunément invité par La Bâtie à monter un spectacle. Et la performance de Furlan est tout aussi inattendue que celle de Maillefer.

Adepte des voyages audacieux, Massimo Furlan avait rejoué, il y a deux ans, à lui tout seul, la finale Italie-Allemagne de la coupe du monde de football de 1982, au stade de la Pontaise à Lausanne.

Cette fois-ci, il choisit un aéroport pour mettre à exécution son rêve le plus fou: voler. Jouant les Icare, l’acteur se produit donc à l’aéroport de Genève dans «International Airport-image longue». Une performance unique qui aura lieu le 11 septembre.

«Surtout, avertit Furlan en riant, ne voyez dans cette date aucun choix volontaire. C’est un pur hasard».

Et ce hasard le conduira peut-être au 7e ciel. A Cointrin, où le public pourra regarder l’acteur depuis la terrasse qui sert d’observatoire, Furlan défiera donc la pesanteur.

Pour prendre son élan, il va courir les 4 km de piste et décoller, sans ailes, sans artifices, promet-il, vers un univers qu’aucun homme avant lui n’aura célébré.

swissinfo, Ghania Adamo

«Je vous ai apporté un disque» à Genève, Théâtre Saint-Gervais, jusqu’au 10 septembre.
«International Airport-image longue», à l’Aéroport international de Genève, le 11 septembre.
Tel: 022.738.19.19.

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