Le Poche, petite scène, grande audace

Sis dans la vieille ville de Genève, ce théâtre de 130 places crée pour sa saison 2005-2006 sept pièces, dont cinq écrites par des auteurs romands et vivants.
C’est un pari fou que prend Françoise Courvoisier, directrice des lieux.
Les bons sentiments ne contribuent pas toujours à faire le succès d’une saison théâtrale. C’est sans doute la raison pour laquelle beaucoup de directeurs de salles vous diront apprécier tel dramaturge, mais hésiteront à le programmer, surtout s’il s’agit d’un auteur jeune, vivant et inconnu du grand public.
On peut à la limite imaginer, à l’affiche d’un théâtre, une pièce d’un jeune auteur, coincée entre deux grosses productions. Mais cinq en une même saison, comme ça d’un coup, c’est un pari fou!
Et pourtant ce pari, Françoise Courvoisier le prend pour sa saison 2005-2006. La directrice du Théâtre Le Poche, à Genève, qui a succédé il y a à peine trois ans à Philippe Morand, offre aux auteurs vivants l’espace de son petit plateau (Le Poche!), grandi grâce à son audace.
Reconnaissance
Jugez plutôt! Sept spectacles composent donc la prochaine programmation du Poche. Soit sept créations (ce qui est déjà la preuve d’une ambition ardente), dont cinq réalisées à partir de textes écrits par des dramaturges romands.
Autant dire que cette initiative est inédite dans une institution romande. Françoise Courvoisier sourit: «Je sais, c’est un risque que je prends, mais avec une salle de 130 places, je ne cours pas un grand danger. Si je dirigeais un théâtre de 500 places, je n’aurais peut-être pas osé le coup.»
Plus qu’un coup, il s’agit là d’une reconnaissance de talents romands, trop souvent ignorés hélas. Beaucoup d’auteurs vivants d’ici se plaignent, en effet, de ne pas être joués. Françoise Courvoisier apaise donc la colère des uns et permet aux autres de se faire connaître par d’autres publics francophones.
Car il faut préciser que la directrice du Poche est restée fidèle à la politique artistique adoptée par son prédécesseur Philippe Morand. Lequel avait ouvert Le Poche au théâtre contemporain belge, français et canadien.
Large palette
C’est donc le metteur en scène parisien Charles Tordjman qui montera «Eloge de la faiblesse »», sans doute le spectacle le plus attendu au Poche. L’auteur de ce texte à la teneur philosophique est Alexandre Jolien, jeune écrivain valaisan, infirme moteur cérébral, que certains spectateurs connaissent pour l’avoir vu dans la série des «Grands entretiens» à la Télévision suisse romande.
A l’écriture romande s’intéresse, également, le metteur en scène bruxellois Philippe Sireuil, un habitué du Poche. «C’est lui qui m’a proposé, explique Françoise Courvoisier, de monter ‘Les mots savent pas dire’ de Pascal Rebetez. Une pièce sur le monde paysan».
Autre Rebetez, Camille de son prénom (27 ans), lui aussi à l’affiche avec une pièce drôle et absurde nous dit-on («Nature morte avec œuf»).
A ne pas oublier Metin Arditi et René Zahnd, deux romands qui arpentent depuis longtemps l’univers artistique. Le premier, passé à l’écriture, est l’actuel président de l’OSR (Orchestre de la Suisse romande). De lui, on verra donc «Dernière lettre à Théo »». Quant à «Mokhor» de René Zahnd (directeur-adjoint du Théâtre de Vidy-Lausanne), elle nous mènera loin d’ici, dans des contrées africaines.
En attendant donc ce programme prometteur, on peut aller voir «Journal d’un vieil homme», d’après Tchekhov. Ce spectacle clôt l’actuelle saison du Poche et reste à l’affiche jusqu’au 19 juin.
swissinfo, Ghania Adamo
Théâtre Le Poche, rue du Cheval-Blanc 7, 1204 Genève
Direction: Françoise Courvoisier
Le Poche Genève est subventionné par le Département des affaires culturelles de la Ville, le Département de l’instruction publique du Canton et géré par la Fondation d’Art Dramatique de Genève.

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