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Les Afghans saisis dans l’intimité de leur vie

Les Afghans saisis dans l'intimité de leur vie. Zalmaï Ahad, Afghanistan (octobre-novembre 2001)

Sous le titre «Les otages oubliés», le Musée d'ethnographie de Genève expose les photos du journaliste afghan Zalmaï Ahad. Troublant.

Sur la cinquantaine de photos exposées, des photos prises par Zalmaï Ahad en automne dernier dans son pays, il en est une dont le souvenir poursuit longtemps le visiteur. Y figurent deux petits garçons les pieds dans l’eau. Une flaque.

A l’arrière-plan, l’un d’eux, penché, tente de se désaltérer. Mais sa bouche qui effleure la surface de l’eau semble embrasser son propre corps qui s’y reflète, déformé. L’autre, debout, au premier plan, regarde droit devant lui. Ses yeux sourient et suivent le visiteur où qu’il se place. Dans ce sourire, tous les désirs passent, mais aucun n’est saisissable. On aurait dit qu’une floraison de réticences sculpte son regard.

Peut-on imaginer le tourment d’un enfant qui se retient de dire? De dire l’urgence. Celle que la guerre en Afghanistan suscite: soif à étancher, faim à calmer, bois de chauffage à se procurer, blessés à soigner, tombes à creuser…

Une école sans frontières

Cette urgence-là, le journaliste et photographe afghan Zalmaï Ahad (établi aux Etats-Unis) la raconte comme une tragédie où les personnages, saisis dans l’intimité de leurs souffrances et espérances, sont ses compatriotes: soldats de L’Alliance du Nord en quête de victoire, camionneurs au service des convois humanitaires ou jeunes gens victimes des mines anti-personnel.

A ces dépossédés, l’exposition «Les otages oubliés» rend une dignité. Zalmaï Ahad a pris ces photos en octobre et novembre 2001 en Afghanistan où il s’était rendu pour un reportage.

«Je souhaitais, écrit-il, ouvrir les yeux du monde au-delà de la ligne de front et lui montrer la vie des gens dans le pays.» Il y réussit avec la ferveur de celui qui croit en la résurrection. Celle que promet la jeunesse afghane. Comme en témoigne cette sublime photo prise en plein désert. Un lieu de nulle part où une poignée de garçons installés sur le sable suivent l’enseignement d’un maître dans une école sans toit ni frontières.

Ghania Adamo

«Les otages oubliés», à Genève, Musée d’ethnographie; Bd Carl-Vogt, 65. Entrée libre. Jusqu’au 28 avril

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