La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935

Les formes du nu s’entrelacent sur la pellicule au Musée de l’Elysée

Le Musée de l’Elysée à Lausanne propose, dès ce jeudi, un siècle de photographies sur le nu, ses formes, ses lignes. Un genre parmi les plus prisés sur la pellicule et qui tient lieu de deuxième partie à une exposition sur l’image du corps.

Le Musée de l’Elysée à Lausanne propose, dès ce jeudi, un siècle de photographies sur le nu, ses formes, ses lignes. Un genre parmi les plus prisés sur la pellicule et qui tient lieu de deuxième partie à une exposition sur l’image du corps.

«Alors que la douleur provoquait l’émoi du public lors de la première partie consacrée aux fragments du corps», aux dires du directeur du Musée, William Ewing, ce deuxième volet devrait soumettre le visiteur au désir que provoquent les formes, féminines essentiellement.

Pourtant, l’une des photos les plus troublantes pour le patron de l’Elysée est «ce cou d’humain tendu vers l’arrière (de Man Ray) qui, au fil du regard, se meut en phallus en érection».

Au début du XXe siècle, les photographes pictorialistes sont fortement influencés par les critères esthétiques des beaux-arts et de la tradition classique du nu. C’est l’étude de l’être humain dans son entier qui les occupe.

Ce mouvement sera influencé par les courants artistiques de l’époque. Notamment le symbolisme. Dans l’image «In Memoriam, New-York» d’Edward Steichen, la femme apparaît comme une créature asexuée, désincarnée. En détournant son visage de l’objectif, elle représente plus un idéal qu’un individu.

Dès les années 1920, les photographes se distancient des standards de l’académisme et de l’idéalisation. Edward Weston, par exemple, présente objectivement la texture, le rythme et les formes de la nature humaine. Sans les manipulations de tirage souvent pratiquées par les pictorialistes.

Puis, les avant-gardistes expérimentent les potentialités d’abstraction du corps par la photographie. La texture de la peau est gommée en faveur des lignes courbes dans le «Nu» d’Imogen Cunningham, en 1932. Et la lumière vient souligner l’axe de symétrie dans le «Dos noir» de Lynn Davis, en 1933.

Les surréalistes, eux, recherchent la stimulation de l’imaginaire. Le corps peut subir des transformations par un jeu de distorsion. La femme déformée dans le miroir d’André Kertész fait penser à la toile de Salvador Dali «Naissance des désirs liquides». Le monde de la photo se profile avec des frontières floues.

Aujourd’hui, les photographes contemporains se jouent des ambiguïtés de l’image. En 1985, chez Holly Wright, l’humain devient animal, végétal ou minéral. Un tel tableau peut provoquer un profond malaise. Le visiteur se dérobera devant le vertige des origines de la création.

Emmanuel Manzi

Musée de l’Elysée, Lausanne. Le Siècle du Corps Photographies 1900-2000. Deuxième volet, jusqu’au 12 juin 2000.

Photo: Lee Friedlander, Nu, Phoenix (Arizona)

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision