Romane Bohringer, fragile comme du cristal

Bouleversante de sensibilité, l'actrice joue dans «La ménagerie de verre», pièce de Tennessee Williams présentée à Monthey et Neuchâtel.
Dirigée par Irina Brook, elle incarne une jeune fille qui se débat entre fantasmes et réalité.
Elle boite, Romane Bohringer. Pas elle, bien sûr, mais son personnage, Laura. Et dans son infirmité passe, avec une sensibilité rare, toute sa vulnérabilité. Toute la douleur d’une déchirure intérieure qui se dresse comme une barrière entre elle et ses rêves.
Laura est l’héroïne de «La ménagerie de verre», pièce de Tennessee Williams qu’Irina Brook (fille de Peter) a créé il y a deux saisons avec beaucoup de succès.
Prisonnière de son imaginaire
Depuis, le spectacle a été joué plusieurs fois en France et en Suisse romande. Il est repris cette semaine à Monthey et Neuchâtel.
Romane Bohringer est bouleversante dans le rôle d’une jeune fille, prisonnière de son imaginaire, qui voit s’épanouir l’instant d’une valse, puis d’un baiser, un amour adolescent resté inavoué.
Tout se joue dans cette étreinte brève du fantasme et de la réalité que le spectacle saisit entre ombres et lumières. Ombres d’un passé enfoui, projetées sur le mur du fond de scène. Et lumières d’un présent heureux que Laura vit le temps d’une danse avec Jim (Samuel Jouy).
Jim, son prince charmant et fuyant, qu’elle a jadis chéri et qu’elle retrouve des années plus tard chez elle, à Saint-Louis. Une petite ville des Etats-Unis où elle vit avec Amanda (Josiane Stoleru), sa mère narcissique, et Tom (Serge Avedikian) son frère velléitaire qui l’adore.
Les vies déraillent
Au sein de cette famille bourgeoise, les vies déraillent: parents, enfants, rien à faire. Le vide, l’ennui, l’espoir impossible leur trouent la tête. Tom s’évade à travers le cinéma et sa mère à travers une exubérance qui frise l’hystérie.
Quant à Laura, elle se débat entre ciel et terre, au même titre que les petits animaux qui composent sa ménagerie. Bestiaire en verre qu’elle s’est inventé, voué comme elle à une existence fragile et raidi par la cristallisation de toutes les peurs.
swissinfo/Ghania Adamo
«La ménagerie de verre» à Monthey, Théâtre du Crochetan, le 17 décembre. Tél: 024/471 62 67.
A Neuchâtel, Théâtre du Passage, 20 et 21 décembre. Tél: 032/717 82 00.

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