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Le monde politique suisse très critique après le rachat de Credit Suisse par UBS

Effervescence avant la conférence de presse du Conseil fédéral dimanche soir à Berne. © Keystone / Peter Klaunzer

Les principaux partis politiques du pays ne sont pas tendres avec l'ancien numéro deux bancaire du pays, Credit Suisse, dont le rachat par UBS a été annoncé dimanche soir. Le centre-droit concède toutefois la nécessité de la décision.

Le co-président du Parti socialiste Cédric Wermuth s’est dit «frustré et en colère». Les responsables de cette débâcle doivent rendre des comptes, a-t-il affirmé. Son parti exige une commission d’enquête parlementaire pour déterminer «qui a (ou n’a pas) fait quoi et quand» au niveau politique.

Le chef du groupe parlementaire socialiste Roger Nordmann, de son côté, s’est dit «outré» et a estimé que la direction de la banque était non loin de la «criminalité organisée». Le socialiste vaudois a estimé qu’«en réalité, le contribuable et le peuple suisse, avec la BNS, risquent au total 209 milliards dans cette opération», contredisant les propos de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Il considère également qu’une fois la fusion établie, la taille d’UBS devra être réduite.

>> À lire à ce sujet: Retour sur l’annonce du rachat de Credit Suisse par UBS

De l’autre côté de l’échiquier politique, les réprobations pleuvent aussi. Pour l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), la situation dans laquelle se trouve la grande banque est la conséquence de décisions managériales «fatales». Le parti critique également l’action «précipitée» du Conseil fédéral.

«Honte pour la Suisse» 

Du côté du Parti libéral-radical (PLR / droite), on parle de «honte pour la Suisse». Pour son président Thierry Burkart, il s’agit d’une «journée noire pour la place financière suisse et pour la Suisse dans son ensemble». Le Centre a lui parlé de «la meilleure des mauvaises solutions».

Les deux partis admettent cependant que la mesure était nécessaire pour stabiliser la confiance sur les marchés financiers et protéger l’économie suisse. De nombreux citoyens et PME dépendent de la banque, a souligné le PLR.

Le député libéral-radical Olivier Feller a pointé sur la RTS la responsabilité du «management de Credit Suisse», avec la prise de «choix stratégiques erronés». Il estime que Credit Suisse «met en difficulté la place financière helvétique et l’image de la Suisse sur le plan international».

>> L’émission spéciale de la RTS consacrée au rachat du Credit Suisse par UBS:

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Pour sa part, Balthasar Glättli, le président des Vert-e-s, s’est demandé sur SRF si la fusion entre les deux banques principales suisses n’était pas «un risque encore plus grand à l’avenir» pour la place financière helvétique. Le Parti vert’libéral (PVL / centre) s’est lui montré préoccupé par ce rachat, du point de vue du droit de la concurrence et «en matière de concurrence ouverte et loyale». Son président Jürg Grossen a déploré que la Suisse n’ait pas su anticiper les défis internationaux.

«Escalade fatale» évitée

La faîtière patronale Economiesuisse est soulagée qu’une «escalade fatale» ait pu être évitée. Le Conseil fédéral a empêché une déstabilisation de la place financière suisse aux conséquences imprévisibles, a estimé Economiessuisse, tout en regrettant que «l’on soit arrivé là».

Les décisions vont dans le sens de la stabilité des marchés financiers et de la place économique suisse, a aussi jugé le ministre zurichois des Finances Ernst Stocker (UDC), président de la Conférence des directeurs cantonaux des finances. Un avis partagé par l’Union des banques cantonales suisses. Les conséquences de la reprise de la banque en difficulté pour les budgets publics et le marché du travail doivent désormais être analysées, a ajouté Ernst Stocker.

L’Union syndicale suisse (USS) s’est elle inquiétée de la sauvegarde des emplois. Elle souhaite soutenir l’Association suisse des employés de banque et demande la mise en place rapide d’une taskforce qui veillera à ce que le plus grand nombre possible d’emplois soient préservés.

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Modéré par: Matthew Allen

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