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Le syndicat Unia courtise les artisans

Pour Unia, l'Etat néglige trop les petites entreprises. RDB

Unia a livré mardi ses propositions pour améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME) du secteur de l'artisanat.

L’Union suisse des arts et métiers (USAM) ne cache pas ses réserves. Pour l’association faîtière, qui regroupe essentiellement des PME, il n’y a là rien de vraiment nouveau.

«Lancer ce type de propositions est parfaitement le rôle d’un syndicat», explique à swissinfo Bruno Schmucki, porte-parole d’Unia, à propos du catalogue de douze propositions pour les PME présenté mardi à Berne, sous la forme d’une brochure d’une soixantaine de pages.

Et de rappeler que les syndicats «ont toujours mis des stratégies économiques en discussion», histoire de montrer qu’ils n’ont «pas seulement des revendications, mais aussi des idées économiques concrètes».

Des idées et des demandes dont Patrick Lucca, chef de la communication à l’USAM admet volontiers qu’elle correspondent pour la plupart à celles de son organisation. Ce qui ne l’empêche pas de rester sceptique.

«Ce document ne suffira pas à aplanir toutes nos divergences, précise Patrick Lucca à swissinfo. Car Unia ne pratique de loin pas toujours ce qu’il y prêche».

Et de citer l’exemple de l’hôtellerie, où le syndicat réclame l’introduction du 13e salaire, tout en sachant parfaitement qu’un tiers des entreprises de la branche se débat dans les chiffres rouges.

Epine dorsale de l’économie suisse

Le fait que ce concept politico-économique – le premier du genre pour Unia – soit dédié aux PME n’est pas un hasard.

Contrairement aux grandes entreprises, qui selon la formule de Bruno Schmucki «créent des emplois partout dans le monde, sauf en Suisse», les PME résistent mieux aux aléas conjoncturels et sont moins enclines à la délocalisation.

Elles sont également le pilier de l’économie suisse, offrant ensemble les deux tiers des emplois disponibles dans le pays. Pourtant, constate Unia, la politique économique les néglige. Le syndicat entend donc proposer ses remèdes.

Argent, énergie et fournitures trop chers

«Baisser les coûts, améliorer la compétitivité en baissant les salaires, cela n’a pas de sens», note Bruno Schmucki.

Unia, qui remet au passage en garde contre la tentation du dumping salarial avec l’arrivée des nouveaux travailleurs de l’UE, rappelle que dans l’artisanat, la part des salaires aux charges totales est bien moins élevée que ce que prétendent généralement les employeurs.

Pour le syndicat, le gros des coûts provient plutôt de l’achat de matériel, de l’énergie ou encore du paiement des intérêts bancaires. C’est donc sur ces points que doivent porter les efforts.

Ainsi, il faudrait harmoniser à l’échelle suisse les taxes et les tarifs des infrastructures, de l’eau ou de l’électricité. Unia réclame aussi des crédits bancaires plus avantageux pour les PME, prétéritées par des taux d’intérêt trop élevés, compris entre 6 et 9%.

Un bon point

Concernant la formation, le syndicat attribue un bon point au secteur de l’artisanat, qui engage davantage d’apprentis que d’autres branches. Alors que les banques n’emploient que 3,8 apprentis pour 100 salariés, le travail du bois en compte 11,2 et les garages 14,2.

Ces prestations doivent être reconnues et encouragées, notamment lors d’appels d’offre, estime Unia, qui plaide par ailleurs pour un renforcement de la formation continue dans les entreprises.

Le syndicat demande également à l’Etat d’alléger la charge administrative des entreprises. Il préconise notamment la création d’un guichet unique, où le patron pourrait traiter toutes les questions relatives aux charges sociales.

«Des phrases creuses»

Au final, Patrick Lucca trouve dans le document d’Unia «pas mal de phrases creuses».

«Demander à l’Etat de mener une politique financière anticyclique ou d’alléger les charges administratives, chaque artisan le fait déjà depuis des années», souligne le chef de la communication de l’USAM.

Le syndicat n’en prévoit pas moins à l’avenir d’autres catalogues de propositions, «par exemple pour l’industrie, le bâtiment ou les services », précise Bruno Schmucki.

swissinfo et les agences

– Les petites et moyennes entreprises (PME) sont la colonne vertébrale de l’économie helvétique.

– Les PME représentent 99,7% des quelque 300’000 entreprises recensées en Suisse.

– Elle emploient 250 personnes au maximum. Mais, pour 90% d’entre elles, moins de dix personnes.

– Ensemble, elles emploient 66,8% des salariés du pays.

– En 1998, le ministère suisse de l’économie a créé une task force pour soutenir les PME.

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